dimanche 23 avril 2023

MAJESTY (Tarek MAGHARY) // INTERVIEW // Longue vie à sa Majesté - Avril 2023.


MAJESTY un nom qui pourrait vous faire penser au roi divin, ses vassaux et ses courtisans avide de pourvoir et de richesse dominant une horde de gueux. Que nenni il s’agit d’un gang teuton émérite pratiquant un Heavy Metal des plus classique qui a déjà derrière lui un long parcours et une pléiade d’albums dans sa lourde besace. Formé en 1997 à l’initiative de Tarek Maghary chanteur, claviériste mais aussi fondateur du célèbre Keep It True Festival qui tient son nom du premier opus de la formation paru en 2000. Vingt-six ans depuis leurs débuts que Majesty écume la scène internationale et enchaine les galettes à un rythme effrénées. Après un Legends de très bonne facture en 2019 qui leur a permis de tourner à travers toute l’Europe le combo s’est octroyé un break bien mérité pour nous revenir en force avec Back To The Attack un véritable manifeste de Heavy Power Metal qui s’avère redoutable à l’instar du morceau éponyme et de «Freedom Child» les deux premiers single ! Un vrai bain de jouvence qui vous entraine au cœur du Metal distillé avec soin par sa Majesté ! Pour en savoir un peu plus sur ce long parcours nous avons demandé au sympathique Tarek Maghary de nous en dire un peu plus sur ce nouveau méfait qui devrait ravir tout amateur de Heavy Metal au-delà de sa qualité intrinsèque. Un entretien découverte avec un passionné et fervent défenseur d’un Metal dont les influences sont issues tout droit des années 80 et de la fameuse New Wave Of British Heavy Metal ! Un voyage à travers le temps ! Magnéto Tarek c’est à toi !



L'interview en Vidéo ICI

Quels souvenirs gardes-tu de votre dernière tournée qui a eu lieu du 25 octobre au 3 novembre 2019 ?

Tarek Maghary. Oui cela fait très longtemps et je me souviens que c’était super. Nous avons pris du bon temps mais à la fin de la tournée on s’est rendu compte qu’on était fatigué, qu’on n’avait plus de jus. Nous avons décidé de faire un break et en 2019 nous avons décidé de nous arrêter un an et revenir. Comme tout le monde le sait cette sacrée pandémie est arrivée et notre break a finalement duré trois ans. Ce n’était pas planifié mais ce fut une coupure très longue. La scène me manque c’est tout ce que je peux dire. Je me souviens de ces tournées qui sont des sentiments magnifiques : être debout sur scène et voir les gens en face de toi faire une grande fête de metal. C’est amusant et il y a beaucoup d’émotion. Maintenant il est temps de revenir sur scène avec un nouvel album.

Qu'est qu'un bon concert selon toi ?


Tarek Maghary. Je crois que le plus important est la connexion. Le groupe en l’occurrence Majesty et le public parce que si le public n’est pas connecté dans la chanson autant que le combo, toute la magie n’opérera pas. Le grand show je ne peux pas le décrire mais le ressentir lorsque tu ne fais plus qu’un avec l’audience. Ce n’est pas le groupe sur scène et le public qui regarde. C’est une union qui ressent les mêmes choses émotionnellement. C’est ce qui je suppose fait un bon show. Quelque chose que tu ne peux pas décrire mais que tu peux ressentir. Tu peux le sentir avec le public quand tu es sur scène lorsque on ne forme plus qu’un. C’est pour moi le show parfait avec toute l’équipe et nos morceaux sont alors remplies d’émotion. Les gens peuvent aimer le message derrière qui est de vivre tes rêves et faire ce que tu veux qui permet aussi de les connecter à nous.

Comment s'est déroulé le processus d'écriture cette fois ci comparé au précédent album Legends (2019) ?

Tarek Maghary. C’était un peu différent. Nous avons fait un remix en 2021 puis j’ai commencé à écrire des chansons pour l’album mais c’était bizarre car je n’ai écrit qu’à la maison seul et je les adressées aux membres plus tard pour travailler dessus sur les démos. C’est ce que je fais toujours, d’abord je commence par le piano et ensuite les guitares et nous jouons les chansons. Mais là, tous les membres n’étaient pas présents. Je leur ai envoyé les démos et ils ont ajouté leurs parties. C’était étrange mais ce qui a été bien, ce sont les retrouvailles une nouvelle fois en 2022 au studio d’enregistrement où encore une fois il y avait cette magnifique énergie.

Quel a été le défi principal au niveau de l’écriture cette fois ci ?

Tarek Maghary. L’écriture n’est jamais planifiée. Les meilleures chansons arrivent quand rien n’est prévu. Tu écris un point c’est tout. C’est toujours le défi de ne pas trop réfléchir et juste de le faire parce que dès que tu commences à réfléchir cela devient mécanique d’une certaine façon. Les bons morceaux doivent venir de l’intérieur ou de l’extérieur. Bien sûr tu peux toujours te dire que cet opus sera plus lent ou plus rapide ou n’importe quoi mais nous n’organisons pas l’écriture. Ça arrive sans planification. Après lorsqu’on écoute l’opus, ce qui est cool c’est que nous avons sorti toutes les bandes en une seule version. Nous avons des titres rapides, des ballades, un mix de tout. Ce n’était pas un défi mais nous sommes très heureux avec ces morceaux.

L’album s’intitule Back To The Attack c'est une forme de retour au source ?


Tarek Maghary. D’une certaine manière oui. C’est ce qu’on s’est dit après une période à ne rien faire. Nous devions revenir avec force comme une grosse surprise : waouh ! Alors nous avions besoin d’un titre qui signifie cela. Ce morceau est une parfaite description de ce que nous voulions. De montrer que nous revenions après une longue coupure et que nous étions de retour avec toutes nos forces et toute notre énergie. C’est album en est la preuve et le titre est parfait car il symbolise la force et la puissance de nos chansons.

C'est aussi le morceau que vous avez choisi comme single !


Tarek Maghary. Exactement. Je me souviens que nous avions ressenti que c’était le meilleur et qu’il fallait faire une vidéo. C’était épique, il faisait froid avec des températures négatives, nous n’avions presque rien sur le corps et cela symbolisait bien l’humeur de l’attaque par l’endroit où nous étions à ce moment-là. Nous nous tenions sur la montagne en hiver mais nous étions ensemble en train de jouer le titre. Je pense que c’était parfait « Back To The Attack », montre bien à quoi ressemble cet opus.

J’ai l’impression au vue de la vidéo que ce n’était pas facile d’être dans les hauteurs des montagnes surtout que vous êtes habillés en T-shirt ? Rires.

Tarek Maghary. Rires. Nous devions porter notre matériel là-haut et le charger dans le camion par des températures en dessous de zéro. Après le tournage je ne pouvais plus sentir mes mains c'est ce dont je me souviens. Je pensais être mort ! Et notre guitariste au moment du solo avait les mains en feu. C’était un sacré défi.

Dans le clip il y a aussi des loups. Comment avez-vous pu réussir à tourner avec eux ?

Tarek Maghary.
Ils n’étaient pas venus avec nous (rires). On les a mis dans le clip séparément. Ça aurait été cool qu’ils y aient des loups avec nous lors du tournage mais cela aurait été une sacre coïncidence. Cela s’intègre parfaitement avec le clip. Ce qui est sympa c’est que tu trouves beaucoup de photos de loups et de neiges ça a été facile à rajouter. Dans la réalité quand tu vois des loups dans la forêt ce doit être magnifique car ce sont de très beaux animaux. Je les adore. Ils symbolisent la puissance mais ce sont aussi des animaux magiques. Je les adore tout comme les dauphins évidemment (rires).


Comment sais-tu qu'un morceau finalement est assez bon pour finir sur l'opus ?

Tarek Maghary. C’est une bonne question mais tu ne le sais jamais. Tu peux le sentir d’une certaine manière. La première chose quand tu écris une chanson c’est pour elle-même. Cela peut devenir une bonne chanson si tu te sens confortable avec ça émotionnellement quand tu l’as écrite en premier. La probabilité qu’elle devienne un bon morceaux c’est que tu te dois te battre pour la représenter, par exemple je n’ai jamais compris pourquoi les musiciens n’écoutent pas leurs propres musiques. Pour moi j’adore ce que nous faisons et je ne suis pas arrogant en ce sens-là. La première étape est d’écrire le titre de manière complète et tu dois en être à cent pour cent satisfait. Ensuite tu le développes pour le public. Ainsi tu ne sais jamais si un titre est bon mais si tu sens qu’il est bien alors fais-le et joue le pour le partager avec le public. C’est mon avis. D’abord pour toi et les gens qui écoutent pour qu’à la fin ce soit l’union des deux et là ça prend tout son sens.

Comment avez-vous procédé lors de l’enregistrement pour obtenir ce son énorme ?


Tarek Maghary. Nous avons travaillé dans deux studios, j’ai mon propre studio et c’est là que nous avons enregistré et ensuite un de mes amis à un autre studio à Rösenburg. Il est aussi ingénieur du son de Majesty et a mixé le tout. On a commencé dans mon studio et on a envoyé les enregistrements pour qu’il les mixe. Nous sommes très fiers car nous avons dirigé cet album avec les vibrations de Majesty avec une production moderne. Le rendu est exceptionnel. Nous sommes contents du son et de la puissance.

Quel défi vocal as-tu rencontré lors de l’enregistrement de tes voix en studio ?

Tarek Maghary. Ce qui est bien c’est que je peux les enregistrer dans mon propre studio. J’ai tout le temps que j’ai besoin. Si ma voix n’est pas bonne le jour où je dois enregistrer, je n’enregistre pas. C’est le plus grand avantage quand tu as ton propre studio, c’est cool. Pour moi, quand j’entre en studio je sais si je possède la vibration ou non. C’est ce qui est super avec son propre studio car tu as le temps de faire les choses et ainsi je ne me préoccupe pas de l’heure. C’est une chose horrible que de savoir que tu n’as que cinq jours pour enregistrer l’album et que tu dois chanter proprement. Ce serait horrible pour moi. Je suis content d’avoir mon propre studio d’enregistrement.

« Freedom Child » est votre nouveau single le thème développé c'est avant tout la liberté et être soi-même ?

Tarek Maghary. Exactement, c’est ça. Ce sera toujours le message principal de Majesty. Dans ce monde où nous vivons on nous force plein de fois à être des gens que nous ne sommes pas où faire des choses que nous détestons. Cette chanson est une astuce pour cesser d’être ce que nous ne voulons pas et dire que l’on veut autre chose. La vérité de « Freedom Child » est de profiter de chaque moment et ne pas être obligé de faire quelque chose qu’on n’aime pas. Dans cette vidéo il y a le caractère féminin principal qui déteste son travail et à la fin atteint son but avec un emploi qu’elle adore et qui la passionne : Aller sur le net voir des films, jouer au jeu vidéo ça peut être tout et n’importe quoi. Si tu vas à l’école et que le professeur se moque de toi tout le temps, tu dois te représenter ta vie et choisir d’être encore libre. C’est le message principal.

Sur les douze titres, quels sont les thèmes que tu abordes ? Est ce qu’il y a des textes qui se rapprochent le plus de toi ?

Tarek Maghary. Oui, les thèmes comme la fantaisie et les guerriers imaginaires comme le titre « In The Silence» quelque chose de très puissant, mais le message principal est très lyrique afin de mettre l’accent sur le fait de vivre ses rêves et profiter de l’instant présent. C’est le message fondamental des chansons de Majesty . Peu importe si c’est un guerrier qui se bat, une guerre de démons, tout ça peut être transposer dans quelque chose d’émotionnel, de proximité et d’être soi-même. Ce sont des combats intérieurs, on est toujours dans le combat et il y a toujours des gens qui te diront quoi dire et quoi faire. Le message principal est de savoir ce que tu veux faire et ce que tu aimes vraiment. Alors fais-le ! C’est ce genre de message adressé à tous et qui vaut pour toutes les chansons.

« In The Silence » est un morceau très mélodique accompagné de clavier. Est-ce que c’est plus difficile d’écrire ce genre de titre ?

Tarek Maghary. En fait ce n’était pas difficile mais on voulait essayer que cela corresponde. D’habitude on utilise des images. Dans « In The Silence » on parle de choses de la vie, tu es un peu déprimé et tu ne ressens plus rien. Tu as besoin d’espoir et cette chanson donne de l’espoir au gens à la vie. Vis ta vie encore une fois. Ce n’était pas difficile pour moi, c’était une vision claire des choses que j’avais. Il y a toujours de l’espoir à la fin du tunnel mais tu dois le chercher et ne plus douter. C’est si dur d’être déprimé et de traverser une mauvaise étape. Il faut toujours rechercher la lumière et c’est ce que décrit le titre, rechercher la lumière une nouvelle fois. Mais c’est difficile de la trouver car parfois le monde est si cruel comme je l’ai dit lorsque tu ne peux pas atteindre certaines choses tu peux l’atteindre avec ce morceau. Du moins tu dois essayer de l’atteindre et ne laisse pas les gens te dicter ce que tu as envie de conquérir.

Le groupe existe depuis 23 ans. Comment décrirais-tu toutes ces années passées au sein de la formation ?

Tarek Maghary.  En vérité je ne fais pas beaucoup ce genre d’analyse car je crois que le passé est le passé. Nous l’avons toujours fait. Ce n’est pas bon de dire qu’un opus n’était pas bien. Il l’était car je l’étais moi-même à ce moment-là quand je l’ai écrit. A mon avis ça ne sert à rien de trop analyser ce qu’on a fait. On a les connaissances de ce qu’on a fait. C’était toujours juste au moment où on l’a fait. Nous étions fidèles à nous-mêmes et le plus important c’est quand nous jouons de la musique, nous devons toujours ressentir et représenter qui nous sommes à des moments différents. Quand tu regardes le passé il y a toujours des moments où tu te dis j’aurai dû faire ça mieux ou ne pas le faire. Tu ne devrais pas regarder en arrière, c’est fait c’est le passé. Mais je vis le moment et je veux créer de la musique maintenant. C’est ma manière et mon regard sur notre musique.

D’où vient cette passion pour le New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM) et pour la musique venue de la côte ouest américaine ?

Tarek Maghary. Je dirais que cela vient de mes parents. Mon père collectionnait les disques comme AC/DC, Guns & Roses, Accept. J’ai écouté et j’ai adoré quand j’étais petit. Quand j’ai écouté la première fois cette musique je ne peux pas expliquer la magie de ce qui s’est passé. J’éprouvais de l’amour pour cette musique. J’ai su que c’était ça que j’aimais et c’est ce que je voulais faire. En tant que chanteur et compositeur les grandes mélodies me donnent un sentiment magique et c’est peut-être là que tout a commencé.

Tu as aussi participé à un side project intitulé Dawnrider au côté de Rob Rock, Ross The Boss, Michael Seifert (Rebellion) en autre !

Tarek Maghary. C’était très cool. C’était une expérience complètement différente. J’ai l’histoire en tête avec plein de personnages, chanteurs et guitaristes. Ce fut une expérience magique car Majesty a travaillé pour que ce soit comme un opéra. Une multitude de personnes, de vocalistes et de musiciens. Ce fut un grand défi mais il y avait beaucoup de plaisirs partagé. Il y avait du monde dans le studio, d’autres envoyaient les pistes enregistrés. Beaucoup de gens m’ont demandé si on allait le refaire à nouveau. Il y aura une suite mais pour le moment tout ce que je peux dire c’est que je n’ai pas le temps. Un jour on le refera, cela nécessite beaucoup de travail mais aussi apporte beaucoup de plaisir.

Est-ce qu’il y a des artistes avec qui tu aimerais travailler ?

Tarek Maghary. Bonne question. Plein je ne peux même pas en citer qu’un. Je ne peux pas en citer un car ce ne serait pas juste pour les autres. Y a plein de gars que j’adore, je ne suis pas le gars d’un seul groupe. Ce qu’il y a de bien dans l’art, c’est que chacun à sa manière unique d’être, de chanter de jouer. Je ne peux pas en nommer un. C’est impossible.

Quel est le premier groupe que tu as écouté adolescent ?

Tarek Maghary. Je pense que c’était AC/DC. Mon père avait le disque Highway To Hell. C’est la première fois que j’écoutais de la guitare hard.

Tu as eu le virus avec AC/DC.

Tarek Maghary. Oui exactement je les ai trouvés dans la collection de mon père.

Tu as aussi créé le festival Keep It True en mettant en avant de nombreux groupes de Heavy Metal des années 80.

Tarek Maghary. Nous sommes en plein milieu du festival maintenant Nous avons une promo pour trois tickets acheté, un gratuit (rires). L’organisation du festival est faite avec mon ami Oliver et c’est toujours beaucoup de fun et de plaisirs d’écouter et regarder ces combos sur scène.

Si tu rencontres des gens qui n'ont jamais écouté Majesty que leur dirais tu ?

Tarek Maghary. Si tu as besoin d’une bande son Heavy Metal pour réaliser tes rêves et te battre pour la liberté c’est un très bon album pour toi. Donne-le et écoute-le, ressens la même chose magique que nous avons eu lors de l’écriture des paroles des morceaux. De la puissance, de la peur, se battre pour ses croyances. Si tu te représentes ces valeurs, tu ressentiras la même chose quand tu écouteras l’album. C’est ce que je dirais.

Est-ce que vous serez en tournée en France bientôt ?

Tarek Maghary. Oui nous ne sommes pas sur encore. Nous travaillons dessus. La meilleure chose est de nous suivre sur Instagram, dans les médias et internet pour voir si cela va arriver. Nous adorerions évidemment !


Avril 2023
Laurent Machabanski / Photos DR
Laurent Machabanski et
Pascal Beaumont (Traduction / Retranscription)