jeudi 21 avril 2022

KNUCKLE HEAD // Interview // Rock et Culbuteurs - Mars 2022.


Aujourd'hui un OVNI dans notre sphère rock, le duo Alsacien rock tendance bikers comme on les aime. Pour notre plus grande joie, ils nous arrivent comme une grosse claque dans la tronche, et la découverte est de taille tant au niveau de leur création musicale que scénique. Si vous ne les connaissez pas encore, c'est l'occasion avec cette interview d'entrer dans le monde de Knuckle Head. En prime, une très belle rencontre humaine avec deux lascars attachants et sympathiques.



Pour commencer pouvez-vous vous présenter ?
Jock : Moi c'est Joke, le Batteur
Jack : Et moi c'est Jack, guitariste chanteur. Jack le Barbu et Joke le barbouillé.
 
Parlez-nous de votre album "Holsters And Rituals" ?
Jack : Alors l'album est vraiment très travaillé par rapport à ce que l’on a proposé avant. Ce que l’on a fait avant c'était hyper Roots et on est partis de zéro, on a débuté dans une cave comme plein de gens, en fait plein d'artistes, ou plein de PDG. Ces premiers albums nous ont servi à trouver une direction, et ce dernier album qui vient de sortir, il y a deux ans de travail, on a été en studio pour enregistrer et c'est vraiment l’aboutissement depuis 7 ans que le groupe existe, on espère continuer et faire toujours plus et de mieux en mieux.
 
D'où vient le nom du groupe et quelle est sa signification ?
Jock : ça ne veut rien dire, ce n’est même pas une insulte, si tu le traduis ça veut dire tête de phalange, et c’est surtout utilisé pour les moteurs Harley Davidson des années 30. En fait c'était les caches culbuteur de la moto qui avaient des bosses sur le côté, du coup on a appelé ça KNUCKLE HEAD, tête de phalange, à cause du bloc qui ressemblait à ça. Et vu que c'est nos deux motos de rêve, on a décidé d'appeler le groupe comme ça.
 
Quelle signification a le dessin sur la pochette ?
Jack : On a travaillé avec Vade Retro, qui sont sur Paris, en fait on avait une idée globale. J’avais une liste énorme de ce que l’on voulait mettre sur la pochette, on a fait des croquis horribles (rires).
On leur a tout donné, on a expliqué notre univers et ils nous ont pondu un croquis, un truc de l'espace. Et on a validé tout de suite en fait. Y a plein de significations, on ne voulait pas forcement être en statue, on ne devait même pas être représentés dessus et quand on a vu leur croquis on s'est dit waouh c'est énorme. Moi je tiens des brins de blé et Jock un livre, du coup il y a toute une signification que je n’ai pas forcément en tête, mais en gros ça signifie l'abondance, tout ce qui est un peu mystique. Le fait qu’il y ait des gens en dessous de nous montre que l'on est dans univers post apo où tout ce qui reste c'est les gros bâtiments, les vieilles églises tout ça. Et les gens, l'être humain aura besoin de spiritualité quelle qu’elle soit, et du coup on joue un peu là-dessus. Et les deux gros vitraux qui rappellent les églises les cathédrales qu’on retrouve sur scène. On a vraiment pensé la pochette complète que vous pouvez trouver sur la version gatefold du vinyle comme la scène que l’on voit en live. Pour avoir une cohérence visuelle et musicale partout.
 
Jock : Moi j'irais même plus loin, on leur a laissé la liberté et ils ont compris tout seuls le truc que l’on voulait et c'est vraiment le côté western qui ne nous quitte pas... Mélangé avec un monde post apocalyptique, ça fait un super Tarantino avec un gros Mad Max, une espèce de super mélange. Et je trouve ça cool parce que quand on est sur scène moi je vois ça comme si on était déjà dans ce monde-là et que les gens viennent pour nous voir pour oublier tout ce monde-là et tout ce qu'il y a autour. Ça fait partie du concert c'est quelque chose qui correspond au live aussi.
 
Le Tunnel a-t-il une signification particulière ?
Jock : C'est à toi d'avoir ta propre signification. On voit que ça passe au noir de toute façon.
C'est un peu comme Led Zep, ils avaient leur symbole, chacun se donne une idée pour savoir qui est qui. Moi je pars là-dessus, et si toi le tunnel te guide quelque part c'est à toi de voir…
Jack : Pour moi en fait, chaque religion est un tunnel, t’as le monde avec la vision que tu as. Et les religions vont venir t’embrigader, c'est un peu fort comme mot mais bon. Ça dépend des religions, des sectes, on est un peu dans cette univers-là, sans aller jusqu’à dire que l’on veut créer une secte, on veut faire réfléchir les gens sur le fait qu’attention, réfléchissez par vous-même, parce que quand on réfléchit à votre place ça se passe souvent très mal.
 
Comment définiriez-vous le style de votre musique ?
Jock : C'est du Stoner et de la country.
Jack : On appelle ça de la Dark Country parce que les paroles sont dark aussi, tout le monde nous dit c'est quoi la dark country, ça les interpelle. On aime bien utiliser ce blaze, mais c’est un mélange de stoner, de rock, de country, même des fois des gammes de blues.

 

Comment créez-vous vos compositions ?
Jack : On les commence en répèt, en fait on fait tourner des riffs, soit c'est moi qui les trouve soit c'est Jock: Ensuite on essaie de caler un rythme dessus et de créer une structure musicale, et une fois que l’on a ça on commence à faire une préprod à l'ordi. Et on essaie de voir, couper des parties ou en rajouter pour que ce soit le plus groovy possible. Et une fois qu’on a ça, on la réécoute pendant des semaines, on l'améliore, et c’est seulement lorsqu’on est content de la musique que j’imagine les paroles. Donc le fait d'écouter la zic, y a un univers qui se crée dans ma tête, y a toujours des images qui viennent, comme un film. Et c'est grâce à la musique que je vais composer les paroles. Je compose les paroles comme un instrument de musique, pour moi il faut que ça rime dans les temps, faut que les syllabes tombent dans les temps au bon moment. Je ne suis pas en mode j'ai envie de dire ça, c’est plutôt qu’est-ce que la musique m'inspire et je vais dire ça là-dessus.
 
A quel âge avez-vous appris à jouer de votre instrument respectif ?
Jock : Moi c'est compliqué, je suis guitariste de base, ça fait 15 ans que je joue et quand on s’est connus avec JACK c'était dans un bar, il avait pris une guitare et il avait joué, et je lui ai dit « tu joues de la gratte moi aussi », du coup on a commencé à jouer et voilà c'était parti. Après on a formé KNUCKLE HEAD trois semaines après qu’on se soit connus, du coup on se connait quasiment depuis le même nombre d'années que le groupe.
Jack : C'était deux guitares acoustiques
Jock : Et c'est moi qui ai dit « ça manque de peps ».
Jack : Il s'est levé un matin et il m’a dit « j’ai envie de faire de la batterie »... On est allés sur le bon coin et on a acheté une batterie enfant, on a foutu le bordel dans un bar (rires). Et voilà, du coup j'étais tout seul à la guitare.
 
Tu savais en jouer ?
Jock : Non...
Jack : Il a le rythme dans la peau, il est né avec, enfin on a tous les deux le truc, c'est instinctif et moi je ne sais pas lire les notes par exemple je ne pourrais pas t'écrire ce que l’on joue. Et du coup, j’ai commencé la guitare à l’âge de 7 ans. J'ai des vidéos de moi que mon père avait fait quand j'avais 4 ans devant des groupe en vacances je faisais déjà de l’air guitare tu vois. Mon père, il m’a tout de suite pris des cours de gratte et le prof que j'avais m’a appris l'improvisation et j'ai toujours travaillé à l’oreille. Ce qui fait que quand Jock jouait, j'ai tout de suite pu improviser sur ce qu’il faisait et ça a tout de suite matché. J’ai des bases de guitare country parce que mon prof m'avait toujours dit si tu sais faire du Finger Picking, de la country, des Bend, tu peux tout faire. Après j'ai eu ma petite période métal quand j'étais ado, en fait je pense que c’est un mix de tout ça qui fait qu’aujourd’hui on a cette touche dans KNUCKLE HEAD.
Jock : C'est le seul truc où il avait raison (rires).

Racontez-nous l'enregistrement de l'album ?
Jock : c'est énormément Jack qui a travaillé sur l'enregistrement. Moi je faisais les pistes batterie guitare et on fait tous les morceaux comme ça. Pour avoir l'embase et la gratte. Vu que tout est enregistré sur bande et qu’on travaille à l'ancienne, c'est ce qui nous donne cette super qualité sonore avec Remi chez White Bat Recorders. On a commencé toutes ces pistes et après mon travail était déjà fait. Après c'est Jack qui a fait les compos derrière, les rajouts de gratte, les voix, les doubles voix, l’arrangement, les chœurs, même si c’est créé déjà en pré prod comme on te disait tout à l’heure. T’as déjà les embases et après Remi nous aide à modifier, le fait d'avoir la touche de quelqu'un d'autre ça fait que tu ne fais pas que la même chose sur l'album et du coup ça fait le meilleur album qui existe. Quand tu écoutes un artiste et que tu fais ah ouais ça ressemblait pas à ça, et tu sens qu’il y a la touche quand même et c’est pas tout le temps la même chose. Je ne vais pas donner de nom de groupe parce que je n’ai pas envie d'avoir des problèmes (rires).
Mais voilà pour moi ça c'est des albums qui sont réussis, sans être narcissique je suis très fier de cet album et c’est exactement comme disait Jack, c'est cette année où on se cherche, on vieillit, on a nos problèmes, on grandit petit à petit, et la je pense que l’on s’est trouvés. Et maintenant il y a tout ce monde-là qui va pouvoir être créé au fur et a mesure.
Jack : En fait les grattes, ce qui est ouf c'est qu'on les a enregistrées en une prise. Et y a trois amplis en même temps, et on a fait en une prise avec la batterie. Il n’y a presque pas d'overdub, juste quelques uns, mais en fait ça sonnait déjà direct. Et c’est ça que j'aime bien, c'est brut et pourtant ça sonne produit quoi. L'album précédent, on l'avait fait en une semaine c’était une question de budget aussi. On voulait un truc vraiment brut et là pour ce nouvel album on voulait un truc plus produit du coup par la même personne Rémi Gettliffe qui lui fait un travail de producteur, il ajoute sa touche et il a une vision externe ce qui est bien aussi, et il rajoute les 10 pour cent à la musique ce qui fait que le truc marche mieux. Tous les arrangements ont pris un mois de studio. On travaillait hyper tard, il a vraiment pris le temps de chercher les sons avec nous, on a testé plein de trucs c'était hyper bon. On a crié dans une pièce à côté, on a mis 3 reverb pour faire des effets tu les entends dans "Living Deep" la grosse chanson dans l’album. Plein de trucs marrants comme ça. C'était trop cool.
 
Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?
Jock: Moi Depeche Mode, c'est mon groupe préféré, j’ai les lettres DM tatouées sur mes épaules. C’est mon père qui m’a éduqué avec ça. Après, beaucoup de Johnny Cash et ensuite je me suis trouvé dans le gros SLUDGE du DOOM et le STONER. J'aime beaucoup le mélange un peu Psyché où tu vas retrouver un peu les FLOYD aussi je suis très fan de David Gilmour, et également BLACK SABBATH et notre papa OZZY que j'aime beaucoup. Tous ces groupes m’ont inspiré et ça a fait ce que je suis.

Jack : moi j’ai j'étais éduqué comme Jock on va dire avec du rock, c'était plutôt des musique tradi…

Jock : catholiques (rires)

Jack : Oui j’ai été éduqué catholique mais niveau zic comme on est en Alsace c'était la variété allemande qui était bien ancrée dans les années 90.  Ça m’a très vite soulé parce que c'est tout le temps la même chose en fait. D'ailleurs j’ai un putain de vinyle de variété allemande produit par JACK WHITE... Je n’ai pas compris y a son nom en dessous... C'est énorme il a fait plein de trucs dont on n’est même pas au courant. Je regardais en boucle des Live de AC/DC, Metallica, Black Sabbath, c'est la base, ce qui m’a poussé vers le métal et le rock. Je me souviens que je jouais à l'oreille sur des disques entiers. Après je me suis ouvert au STONER au SLUDGE, Black Label Society, Ozzy etc. etc.
 
Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous rêvez de jouer ?

Jack : ça va peut-être paraitre surprenant, on aimerait bien jouer avec Yelawolf, c'est un rappeur US qui était dans la prod de Eminem. Il est déjà au courant que l’on existe, il nous écrit des fois sur Instagram, c'est rare mais il nous écrit pour dire que c'est vraiment bien ce qu’on fait. Un mec comme ça qui te dit ça c'est énorme…
Jock : D’ailleurs il a sorti un album rock cette année avec un groupe ricain. Super, basé country, bluesy comme ça, sublime.
Jack : Ce qui me plait chez lui, c'est qu’il tient plein de trucs il fait du rap US mais avec des touches de country rock, et c'est énorme.
Jock : Il a le visuel, si tu peux aller voir va voir, c'est chouette, tiags, chapeau, perfecto, tout tatoué quand on me l’a montré à l’époque j’ai dit « Jack regarde faut que je te montre un truc c’est incroyable regarde la  tête du mec et maintenant regarde ce qu’il  fait » et en fait c’était beaucoup sur l'album Love Story, beaucoup de base de country avec de la vrai gratte derrière et lui faisait du hip hop dessus… Attention je parle pas de rap, pour moi le Hip Hop et le rap c'est différent. Et un jour il était à Lausanne en Suisse, et on est allés le voir… Et là, la claque... Oui j’aimerais beaucoup jouer avec lui.

Pour finir, si vous ne deviez conserver 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?
Jock :Jack, ma femme, et une gratte.
Jack : Putain j’allais dire pareil... Bon ben il a tout dit
 
Et question bonus, avez-vous envie de rajouter quelque chose ou faire passer un message ?
Jock : Profitez de chaque jour comme si c'était le dernier.
Jack : Oui, réfléchissez et ne laissez pas les autres réfléchir à votre place





Paris Hard Rock Café 28 Mars 2022.
Thierry Cattier
Photos : Th. Cattier /
Shooting Idols