lundi 17 mai 2021

WHEEL (James Lascelles Chanteur Guitariste Claviers) // Interview // Resident Human... 13 Février 2021.

 
 Si WHEEL est un trio de Prog Metal finlandais qui nous vient de Helsinki il a la particularité d'avoir en son sein un chanteur Anglais du nom de James Lascelles (guitare, chant, claviers) accompagné de Santeri Saksala (batterie) et Aki ‘Conan’ Virta (basse). Il faut croire que le pays est particulièrement accueillant malgré le climat polaire et semble inspirer James Lascelles au plus haut point.
Après deux Ep The Path en 2017 et The Divide en 2018 suivi d'un album en 2019 Moving Backwards, les voilà de retour avec Residant Human une nouvelle offrande qui s'avère être une petite réussite très efficace ou le gang se renouvelle et innove pour notre plus grand plaisirs. Fortement influencé par TOOL,MUSE,KARNIVOOL ou encore SOEN le gang a su se créer au fil des albums une identité sonore Metal Progressive très alambiqué lorgnant fortement sur le Rock alternatif le tout bercé par une ambiance mélancolique et sombre.
Le gang vous embarque dans un voyage hypnotique au cœur d'un monde envoutant issus tout droit de l'imagination fertile de James Lascelles, juste brillant ! Une interview découverte avec un anglais ravi de vivre en Finlande un pays qui semble décupler sa créativité ! Magnéto James c'est à toi !



Votre dernière tournée a eu lieu en mars 2020 en Finlande aux cotés d'APOCALYPTICA quels souvenirs gardes tu de ces quelques dates?

James Lascelles. De mon point de vu, mes attentes étaient très faibles car tout a été annulé ou presque. Nous avons joué deux concerts et je tiens à remercier nos fans de nous avoir encouragés. De plus l'album est fantastique. Nous avons eu un retour surprenant sur la tournée allemande. Nous avons joué trente minutes pour supporter la tournée de KATATONIA. Il y a eu aussi le public à Cologne avec une conférence de presse qui s’est éternisée. C’est agréable de voir tout ce public de différents pays. C’est vraiment motivant de voir qu'artistement cela représente quelque chose à beaucoup de monde. C'était très bien.

Tu as eu l'occasion de jouer en pleine pandémie en aout dernier lors de deux festivals ( dark_river_festival Kotka7.8 - Saarihelvetti, Tampere, 15.8 - Dark River Festival, Kotka) . Comment était l’ambiance ?

James Lascelles. Surréaliste on peut le dire. Nous ne nous attendions pas à jouer des festivals quand la pandémie a frappé. Nous avions des concerts avec APOLALYPTICA, on devait en faire sept. Cela demande de la préparation de chanter avec eux. C’était le douze mars, le jour où nous avons été frappés par la pandémie. La possibilité de jouer un spectacle était fantastique. Nous étions vraiment surpris de pouvoir le faire. Aussi nous devions faire des tournées avec Devin Townsend qui était aussi très intéressant. Nous sommes très heureux d’avoir pu jouer ces deux festivals l’été dernier car le premier jour nous avons fait l’ouverture du festival. C’était une expérience incroyable car nous ressentions l’étrange sensation de la situation dans le monde. Toute cette foule devant nous nous regardait. Pour nous c’était vraiment une thérapie. Nous étions le seul pays au monde à pouvoir jouer dans un festival en Finlande.

Comment décrirais-tu le groupe sur scène ?

James Lascelles. Par rapport au début la formation a beaucoup changé. Au départ on n’avait que faire de notre image. La plupart des groupes attachent beaucoup d’importance sur la manière de jouer et d’être sur scène. Etre très attentif à ce que nous jouons et faire le moins d’erreur possibles sur scène. Plus on jouait sur scène, car nous avions fait vingt neuf concerts et plus nous devenions confiants dans notre jeu. On s’est concentré sur les concerts pour donner plus  d’humanité. S’il y avait des erreurs,  c’est probablement ce qui rend bien. C’est de la peinture brute. C’est ce qui fait toute la différence par rapport à un enregistrement. A partir du moment où notre bassiste a rejoint notre groupe, nous sommes carrément devenus fous. On a joué plus librement,  plutôt que de réfléchir sur tel ou tel aspect. Je crois que les gens seraient étonnés de nous voir jouer maintenant car il y a plus d’humanité. Quand tu enregistres, tu te concentres sur les chansons. En tournée, plus rien ne compte que le simple fait de jouer et on se sent bien.

Qu’est ce qu'un bon concert pour toi ?

James Lascelles. Franchement la plupart de nos spectacles ont eu un retour positif car nous avons fait beaucoup de marketing pour les tournées. Il y a une évolution à partir du moment où tu commences à jouer le premier titre et que tu vois par la suite que le public est réellement avec toi. Si je devais choisir un seul moment magique c’est probablement la tournée que nous avons faite en Ecosse. C’était une petite salle et le public avait du mal à entrer dans la salle. La foule était incroyable et en phase avec notre musique. Je ne pense pas toujours à la performance mais je crois que celle-ci en fut une. Celle-ci fut mémorable car c’est difficile à exprimer. C’était la première fois que le public prenait notre prestation au sérieux [Rires].

Comment s’est déroulé le processus d'écriture de « Residant Human » ?

James Lascelles. J’ai écrit la plupart des titres mais pas tous. Le guitariste des précédents albums a écrit les solos. Santeri Saksala notre batteur a écrit les parties de solos de batterie sur une chanson qui n’est pas encore sortie. J’ai écrit la majorité des titres. Les titres étaient plus fluides et concis. Nous avons commencé à écrire durant l’engagement de la tournée. Nous revenions de notre tournée de vingt neuf dates. Nous avons eu du temps durant notre tournée en Angleterre(Ndr: du 6 au 11 Février 2020). Durant ces allées et venus nous nous sommes dit qu’il fallait faire un album le plus vite possible. Nous avons écrit les instrumentaux ce qui a donné lieu a beaucoup d’idées, et ensuite nous avons enregistré la basse. Je voulais écrire quelque chose pour la basse si nous avions le temps pour voir ce qui sortirait. Alors on l’a fait et on a ajouté le chant aussi. Je pensai au départ faire un titre instrumental. Pour la dernière chanson c’est l’idée que nous avions eu quand nous sommes entrés au studio. Il y avait ce grand piano dans le studio, et nous avons eu l’idée d’utiliser la basse et la batterie avec cet instrument pour faire de la musique organique. C’est une chanson humaniste qui nous a pris une journée. En ce qui concerne le chant et l’écriture, cela a été un véritable cauchemar. Ce qui me paraissait le plus difficile  c’était les instrumentaux. Cela m’a pris cinq mois pour fixer le chant. Particulièrement avec la musique que l’on voulait faire. Nous voulions rendre les voix plus humaines et c’est ce qui a rendu la chose complexe. Délivrer des titres plus longs me semblait plus adéquat. Il a fallu du temps pour mixer le tout et de faire toutes ces expérimentations. Je suis content de l’avoir fait mais nous avions des buts irréalistes pour enregistrer cet opus. Nous avions certainement manqué des titres. Ce que j’ai appris pour la prochaine fois est de ne pas me limiter. Je veux écrire tout le temps. Quand c’est prêt on sort quelque chose.

Est-ce que tu avais une idée sur le son que tu souhaitais obtenir en studio ?

James Lascelles. Nous avions les titres dans un format de démo. Nous avions effectué la plupart du son bien avant d’entrer en studio. Nous n’avions pas réellement songé à la sonorité à ce moment là lorsque nous avons travaillé la basse et la batterie. Après on a remixé l’ensemble. Ce qui fait la différence, ce sont les silences et les tempos, c’est ce qui donne la musicalité. Tu essaies de l’apporter à ton public mais il ne voit pas tout le travail. Pour la plupart des groupes c’est important d’avoir et de reproduire le son désiré  en studio. Mais je crois que c’est la tournée européenne de 2019 qui nous a conduits à produire un son si particulier. C’est le tempo qui nous rend unique sur les titres et c’est ce son qui parle de lui-même.

Est-ce qu’il y a eu des titres qui ont été un défi à réaliser?

James Lascelles. Oui durant la pandémie on ne pouvait aller nulle part, alors j’écrivais beaucoup et jouais de la basse et des lignes de guitares. J’ai tout fait dans mon studio, puis les ai mixés dans un autre studio.  J’ai eu des problèmes de licences avec mon logiciel sur le chorus et je devais cliquer sur mon ordinateur. Ca ne marchait pas. J’ai du tout recommencer et cela m’a pris huit heures pour rejouer le solo de bout en bout. J’ai du le rejouer six cent fois [Rires]. C’est ce genre de problème qui ne serait jamais arrivé en studio. J’ai du résoudre ce problème qui a pris du temps. Ce n’est pas le seul. Aussi avec la voix je faisais beaucoup de chansons au studio et j’ai eu des moments de frustrations où je faisais deux cent enregistrements et le rendu n’était pas au rendez vous. Je ne suis pas un technicien de studio. Il y avait beaucoup de pièges et d’erreurs sur les pistes. Nous n’avons pas eu beaucoup de chance cette fois.

Est-ce qu’il y a un titre dont tu te sens plus proches notamment au niveau des textes ?


James Lascelles. Toutes ces chansons sont personnelles. Il faut toujours trouver quelque chose à dire et le dire bien. Et pour le dire bien tout dépend du sujet. Pour le titre « Movement » c’est la rhétorique sur ce qui est arrivé à George Floyd qui a été tué aux USA. Il fallait mettre en évidence la radicalité, les victimes, et tout ce système qui encourage la brutalité. Ensuite il faut comprendre tous ces problèmes sociaux qui deviennent emblématiques. Il n’y a pas de défense pour l’attitude populiste exprimée. J’ai l’exemple d’un type s’exprimant sur You Tube disant que même si tu prends le plus mauvais chemin, tu es victime de la brutalité de la police, non seulement pour George Floyd cette personne a été exécutée parce qu’elle est droguée ou a dévié du droit chemin. Le fait est que tu peux être en dehors de la loi et ne pas être tuée par la police. Si ce n’est pas le cas on peut difficilement trouver des excuses. Tout le monde est en colère et il ne peut y avoir de discussions. On ne peut trouver de solutions, il ne peut y avoir que de la violence. C’est surtout un problème de société.


13 Février 2021.
Pascal Beaumont  
Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)