mercredi 12 mai 2021

THE SMITHEREENS (Jim Babjak Guitariste) // Interview // Only a Memory... Avril 2021.


Aujourd'hui le rendez-vous est pris, et c'est un vrai bonheur que de pouvoir échanger ces quelques questions avec Jim Babjak dont les sons de guitare au sein de son groupe mythique les Smithereens nous a fait vibrer.

Depuis des années j'ai toujours été un grand fan de ce groupe et de son guitariste, et c'est avec une grande fierté de pouvoir partager cette interview. 
Beaucoup d'artistes ont toujours reconnu l'impact des Smithereens, citons notamment Kurt Cobain qui considérait les Smithereens comme ayant eu une influence majeure sur Nirvana.

Voilà, rien d'autre à dire qu'un grand merci à Jim Babjak pour ce moment intense qui nous a permis d'en savoir un peu plus sur lui et son groupe qui restera l'un des meilleurs des années 90. Avec une pensée toute particulière à la mémoire de Pat Di Nizio.



Peut-on pour commencer revenir un petit peu en arrière : comment s'est passée ta jeunesse, tu es né à Salzbourg en Autriche et tu viens de Carteret dans le New Jersey ?

Jim Babjak. Oui, mes parents ont fui la Hongrie lors du soulèvement de 1956 contre l'Union soviétique. Ils se sont installés dans un camp d'immigrés à Salzbourg où je suis né. Nous sommes venus en Amérique quand j'avais 1 an et nous nous sommes installés à Carteret NJ où mes parents travaillaient tous les deux à l'usine. Je parle toujours hongrois. C'est ma langue maternelle.

Comment as-tu découvert la musique ? Quelles ont été tes premières découvertes musicales et tes idoles ?

Jim Babjak. Mes parents avaient un tourne-disque et des 45 tours d'Elvis Presley. Mon père jouait de l'accordéon, il y avait toujours de la musique à la maison.
 
A quel age as-tu commencé à apprendre la guitare ? Y a t il eu un "avant les Smithereens' ?

Jim Babjak. J'ai commencé à jouer de la guitare en 1969. J'ai joué dans plusieurs groupes avant les Smithereens.
 
Au départ vous jouiez en trio avec Dennis Diken (batterie) et Mike Mesaros (basse) puis vous répondez à la petite annonce de Pat Dinizio qui est à la recherhe d'un batteur... Comment s'est passée votre rencontre et la formation des Smithereens ?

Jim Babjak. Ca s'est fait très simplement, nous avions déjà un son et un style qui correspondaient au chant de Pat.

D'où vient le nom des Smithereens ?

Jim Babjak. Le nom "smithereens" vient d'un dessin animé de Bugs Bunny où le personnage de Yosemite Sam avait l'habitude de dire “I’ll blow you varments to smithereens“ "Je vais te faire sauter en mille morceaux". C'est là que Dennis a trouvé le nom.

Vous commencez à jouer dans divers clubs autour de New York, puis enregistrement  de votre 1er SP "Girls About Town" qui sort le 31 octobre 1980 comment se déroulaient vos premiers concerts et la première session studio ?

Jim Babjak. J'étais très excité à l'idée d'enregistrer pour la première fois. Je n'étais pas spécialement nerveux, cela me semblait naturel, comme si c'était ce que je devais faire dans la vie.

Comment s'est passée la rencontre et la signature du contrat avec Enigma Records ?

Jim Babjak. Bien sûr, j'étais enthousiaste, mais après 6 ans à essayer d'être signé et rejeté par toutes les maisons de disques, je ne voulais pas m'emballer, mais je savais que c'était une nouvelle étape de travail acharné. Nous devions prouver que nous étions dignes de faire des disques.

Votre musique est empreinte d'influences européennes et plus particulièrement britanniques, ce qui est très rare pour un groupe américain... Pourquoi cette attirance pour le rock du vieux continent, Beatles, Kinks, Who...?

Jim Babjak. J'ai aimé toute la musique des années 60. Les Kinks et The Who étaient mes préférés à l'adolescence.

Vous avez fait de nombreux concert et notamment quelques passages en France à Paris au Rex Club en Janvier 1987 et à l'Elysée Montmartre en mai 1990, Gardes-tu quelques anecdotes sur vos concerts européens ?

Jim Babjak. J'aimerais revenir un jour en France. Je me souviens que le public était très réceptif. Nous avons tourné une vidéo pour «Yesterday Girl» dans une ferme à l'extérieur de Paris.
Et bien sûr, la nourriture et le vin étaient délicieux.


Après le décès de Pat DiNizio en 2017, était-ce une décision difficile à prendre de poursuivre votre carrière en invitant des chanteurs tels que Robin Wilson des Gin Blossoms et Marshall Crenshaw ?

Jim Babjak. La vie continue. Ma femme est décédée d'un cancer il y a 5 ans. Cela ne veut pas dire que je ne peux plus aimer. La musique est ma passion et nous avons encore beaucoup de musique en nous, qui apportera de la joie aux gens. Cela me rend également très heureux et je jouerai aussi longtemps que je vivrai.

Te souviens-tu de votre dernier concert avec Pat Dinizio, quel souvenir en gardes-tu ?

Jim Babjak. C'était très triste parce que Pat a dû s'asseoir sur une chaise pendant tout le concert, mais il a très bien chanté jusqu'à la fin. Il avait une forte volonté de survivre et s'était également engagé à offrir au public ses meilleures performances.

Aujourd'hui tes gouts musicaux ont-ils changé ? Qu'est-ce tu écoutes aujourd'hui, y a-t-il une chanson ou un album qui reste essentiel pour toi ?

Jim Babjak. J'aime toutes sortes de musique. J'ai des milliers d'albums, de vinyles et de CD. Je ne peux pas en choisir un seul, ou même 100, ce serait trop difficile.
Cela dépend de mon humeur. Certaines des musiques les plus récentes que j'aime récemment sont «Tame Impala» et «Rival Sons».

Vous qui avez partagé votre scène à de nombreuses reprises, y a-t-il encore un artiste ou un groupe avec lequel vous auriez rêvé de jouer ?

Jim Babjak. J'ai fait un rêve quand j'avais 14 ans où j'étais membre des Beatles. Nous avons joué une chanson qui n’existe pas. Je suis toujours à la recherche de cette chanson dans ma tête.

Parle-nous de ton projet THE BAR avec Danny Adlerman and Kurt Reil ?

Jim Babjak. C'est arrivé presque par accident. J'aidais Danny à écrire et à enregistrer de la musique pour enfants au studio de Kurt quand Danny m'a montré les paroles d'une chanson et m'a dit : "C'est une chanson d'adulte". Alors, j'ai commencé à composer les mélodies sur les paroles de Danny.
Finalement, nous avons eu assez de chansons pour faire un album.

Comment vis-tu la morosité ambiante qui sévit depuis quelques mois : crises sanitaires, mouvements sociaux…

Jim Babjak. Je ne parle jamais de politique. J'espère juste que nous pourrons vivre avec nos différences et être bienveillants les uns envers les autres. Le monde est un endroit dangereux. La vie est courte.
Profitons de notre séjour sur cette belle terre et de toutes les bonnes choses qu'elle a à offrir.
L'amour vaincra.

Cette année a mal commencé avec l'arrêt brutal et imprévu de tous les concerts suite au coronavirus, comment as- tu vécu cette période de confinement, comment se passaient tes journées ?

Jim Babjak. Je ne sortais déjà pas beaucoup avant, donc je ne l'ai pas vraiment ressenti. Mais me produire sur scène et enregistrer m'ont beaucoup manqué, j'ai utilisé ce temps pour être productif et écrire de nouvelles chansons.

Quest ce que tu aimes faire lorsque tu ne joues pas de la musique ? Quelle sont tes passions ?

Jim Babjak. Jusqu'en avril, j'avais un travail à domicile qui me tenait occupé 9 heures par jour.
Depuis j'ai arrêté cet emploi. C'est la première fois depuis 20 ans que je peux me détendre et organiser ma vie comme je l'entends. Aujourd'hui, je m'occupe de mon esprit et de mon corps.

Si tu devais définir les Smithereens, quelle serait ta phrase ou ta devise ?

Jim Babjak. Ce n’est pas une question facile.
"Une musique de passion qui vient du cœur et de l'âme"
Nous sommes des amis d'enfance qui ont eu le privilège d'écrire et de jouer de la musique toutes ces années. C'est un cadeau.

Pour finir, si tu ne devais conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait ta sélection et pourquoi ?

Jim Babjak. C'est une autre question difficile. Un téléphone intelligent, avec une batterie qui dure pour toujours ! Je pourrais communiquer avec mes amis et mes proches, faire des recherches sur n'importe quel sujet, parler n'importe quelle langue, prendre des photos et créer de la musique en quelques secondes.



Avril 2021.
Thierry Cattier - Photos : Promo