samedi 4 décembre 2021

6:33 (FLOW Chanteur et CEDRIC Batteur) // Interview // Contes effrayants pour d'étranges berceuses... Octobre 2021.

Depuis plusieurs années, 6:33 avec 3 albums et un EP forge sa carrière, et nous emmène a chaque fois dans son univers bien à lui. Aujourd’hui, pour annoncer la sortie du nouvel album"Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome" qui nous propulse dans un petit feedback années 80, nous avions envie d’échanger un peu avec ce groupe et d'en savoir plus sur eux . Une rencontre sous le signe de l'humour la joie de vivre et la gentillesse. Un peu de fraicheur par les temps qui courent ça ne fait pas de mal alors n’hésitez pas à a vous procurer ce nouvel album "Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome" un petit bijou. En attendant voici le compte-rendu de ce rendez vous pris au HardRock Café de Paris avec Cédric et Flow, un moment que nous somme ravis de vous faire partager.


Vous sortez aujourd'hui votre album "Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome" pouvez-vous nous en dire un peu plus sur chacun d’entre vous ?

FLOW Je suis dans le groupe depuis bientôt 10 ans en tant que chanteur et auteur, à côté de ça je suis intermittent du spectacle, j’ai un groupe de covers, je suis prof de chant, coach scénique, voilà je fais plein de choses…

CEDRIC
Je suis le batteur de 6:33 depuis environ un an... Je donne des cours de batterie à côté, on se connait tous depuis des années, on se croise sur des dates, en soirée, etc. etc. Un jour il me dit "tiens on va prendre un vrai batteur, t’es intéressé, on a deux morceaux qu’on impose à ceux qui veulent postuler. Tu te filmes en train de jouer et voilà". J’ai fait ça sur ma batterie électronique chez moi, je me suis filmé en train de jouer les morceaux et après ils m’ont dit que j'étais pris dans le groupe. On a commencé par un premier clip "Wacky Worms", c'est le premier truc qu’on a fait ensemble et après on a enchainé les répétitions, maintenant on prépare le show, on a déjà fait deux résidences sur une semaine complète, répétitions en scène, lumière, etc… dans la salle Le Barde Atomique à Quevilly.
FLOW Studio, salle et studio de repet, on est bien là-bas, comme à la maison.

D'où vient le nom du groupe ?

FLOW
Alors, le nom du groupe vient d’une fin de soirée voire un début de matinée... Ou Nicko, le guitariste compositeur du groupe, avec des potes de divers groupes, à la fin de la soirée ils se disent "si on se faisait un groupe sans limite ou l’on ne s’impose pas de barrière musicale", du coup il se sont dit comment on va l’appeler et là il y en a un qui regarde l’horloge et il était 6h33... Donc ils se sont dit "c’est pas mal comme nom, si demain on trouve ça toujours marrant on le gardera". Et voilà, le hasard fait bien les choses parce qu’on est en tête de liste tout le temps avant même les A. Puisque les numéros sont avant lol. Des fois tu te prends la tête pendant des plombes pour trouver un nom qui claque tu t’engueules avec les zicos et tout. Je me souviens de KORN qui disait ce n’est pas le nom qui fait le groupe mais c'est le groupe qui fait le nom : KORN, la première fois que j’ai entendu leur nom je me disais y se foutent de la gueule de qui et pourtant je suis un grand fan du groupe. Donc voilà, le nom est venu par hasard et finalement ça marche bien.

Comment créez-vous vos compositions ?

FLOW C'est Nicko qui s’y colle depuis que je suis dans le groupe, on discute d’un thème avant d'écrire.  On se dit quelle histoire on va raconter... de quoi va-t-on parler et là le thème généralement c'est moi qui choisis. Sur l'album d'avant "Deadly Scenes" j’avais envie de parler des 7 péchés capitaux et d’en faire quelque chose comme un concept album. Là encore on s’est dit on veut parler de quoi, on avait envie de revenir à ce qui nous a  construit musicalement et pas que au niveau de la pop culture au niveau des années 80 et 90. Et on s'est dit si on poussait le délire qu’on avait déjà installé un petit peu avec les clips de "Black Widow" et "I'm a Nerd", cet univers un peu parallèle, et on s’est dit "on va créer une mégalopole avec toute une histoire", voilà. Nicko et moi on se nourrit un peu de chacun, lui compose toute la musique jusqu’à la ligne de chant. Avec les sonorités qu’il voudrait avoir et moi après j’écris un texte qui colle avec ça et parfois j’en déborde quand je le sens. Donc les textes c’est moi et Nicko compose tout.
Sauf l'intro de "Prime Focus", le numéro 3 sur l’album qui a été créé par Manu, un des claviéristes qui depuis a quitté le groupe mais qui fait toujours partie de la famille 6:33 et qui travaille toujours avec nous sur la composition, il a fait cette intro façon comédie musicale musique de film.

Racontez-nous l'enregistrement de "The Dome" ?

FLOW Ca a été compliqué, en fait là on s’est dit, on va enregistrer au fur et à mesure que l’on va créer les morceaux. Il y a 4 ans, on a créé les 1er morceaux "Holy Golden Boner" "Release the He-Shes" et "Rabbit in the Hat", ça a été les premiers morceaux à être écrits et enregistrés. Et puis entre temps j’ai eu des enfants, Nicko a eu des enfants aussi il a déménagé et a remonté son studio, tout ça fait qu’on a dû mettre en pause, et puis le confinement est arrivé, on a réussi à finir de composer et enregistrer tout, un peu grâce au confinement, au moins ça nous a permis de finir d'enregistrer. On a tout fait chez Nicko dans son studio. C'était un petit peu compliqué de nous faire venir pour enregistrer mais ça nous a permis de finir l’album. Donc les 4 ans sont passés assez vite, le travail de composition n'est pas si long que ça finalement. Les gamins, les mariages et autres, la vie quoi.

Avez-vous ressenti une évolution sur votre manière de travailler en studio depuis votre 1er album en 2011 ?

FLOW
Ya eu des changements, Nicko c'est toujours celui qui crée les morceaux, c’est lui qui fait tout ça. Manu est arrivé sur le deuxième album "The Stench from the Swelling" donc ça a apporté quelque choses de différent au niveau des programmations de batterie c'est lui qui faisait les programmations et les arrangements donc ça a affiné la patte de 6:33. Moi je suis arrivé aussi sur ce deuxième album "The Stench from the Swelling", j’ai écrit 2 3 morceaux, j’ai commencé à rentrer dans le processus de création, de l'écriture. Et puis sur "Deadly Scenes" on s’est retrouvés vraiment Nicko Manu et moi à composer ensemble et c’est ce qu’on continue à faire sur le dernier album.
Tout cela s'est affiné, mais c’est toujours Nicko qui écrit la musique et moi qui écrit les textes.

Comment définiriez-vous le style de votre musique ?

FLOW Alors je vais laisser mon nouveau copain à côté de moi parler, c'est le batteur, parce que c'est très difficile de parler de ta musique mais lui il a kiffé notre musique avant de venir dans le groupe donc il en parlera mieux et en plus ça va le faire parler un petit peu (rires).

CEDRIC C'est une question que je me posais souvent d’ailleurs, on me demandait c'est quoi le style du groupe. Et en fait Nicko me disait souvent c’est de la fusion, du prog.

FLOW Cyril qui bosse chez COREandCo a créé ce terme et qui est un spécialiste de ce genre-là, le Nawak Prog Metal, un genre de fourretout.

CEDRIC Voilà en fait il y a tellement de trucs de styles différents, c'est tellement éclectique que tu ne peux pas forcement décrire. Mais il y a une bonne partie pour moi prog fusion.

FLOW Et j’ajouterais très Fun voilà. Parce qu’on fait les cons et on s’amuse à fond, c'est assez gai comme musique et surtout avec notre nouvel album "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome". Y a une énergie très joyeuse qui sort de ça.

CEDRIC Moi J’ai auditionné sur cet album avec "M.i.d.g.e.t.s. part 2" c'est du death metal ce morceau. Le début ça trace, t’as de la double, t’as du blast, voilà ce n’est pas du prog. Mais t’as quand même au milieu une partie qui est assez prog atmosphérique et ça se termine carrément en cabaret clownesque. Donc c'est au final plein de trucs mélangés.


Quelles sont vos premières influences musicales à chacun ?

CEDRIC Moi J’ai grandi avec Deep Purple, Pink Floyd, Genesis, Peter Gabriel, du côté de mes parents. Mon oncle m’a bercé avec Metallica, Pantera, AC/DC, et après j’ai évolué vers de l'extrême et du coup avec l’enseignement musical que j’ai eu, pas mal de jazz et jazz fusion. J’ai essayé de m’ouvrir un peu à tout ça. Aujourd’hui par exemple j’écoutais un live de Porcupine Tree dans la voiture en arrivant et demain je pourrais écouter un album de Cattle Decapitation par exemple.

FLOW Moi J’ai grandi avec du Led Zep, du Stevie Wonder, du Michael Jackson, Dire Straits, Queen et aussi de la variété française, je suis un grand fan de Renaud.
Je monte même un tribute à Renaud avec le bassiste de Parabellum. Jonasz, Cabrel, Lavilliers, Goldman quand j’étais gamin avec mes parents, et vers 12 ans j’ai découvert Iron Maiden, Guns N roses, Metallica, et d’un coup Jai découvert la fusion, avec mes préférence pour Rage Against The Machine, Faith no More, Mr. Bungle, Korn, en fait tout ce qui mélange pas mal de truc rage, déjà la fusion du Hip Hop avec des sons de gratte et des paroles engagées à mort je suis hyper fan, j’étais au taquet et même aujourd’hui je suis resté un peu bloqué là-dedans. J’ai écouté beaucoup d’autres choses, je ne suis pas un metalleux extrême... Pantera évidemment je suis passé un peu partout, la fusion au sens large.

Quels sont les groupes que vous écoutez aujourd’hui et quels sont vos goûts musicaux ?

FLOW Moi je suis resté bloqué à cette époque

CEDRIC Moi aussi je suis à fond bloqué !

FLOW Je suppose que si je te posais les mêmes questions, qu’est-ce que tu écoutais quand t’avais 15 piges, tu as du rester aussi bloqué et tu écoutes toujours les mêmes choses…
Thierry  Oui exactement

FLOW C 'est une sorte de madeleine de Proust, c'est aussi ce qui te construit quand tu as entre 10 et 20 ans. Dans les années 70 80 c’était déjà mortel mais dans les années 90 y avait un truc de malade qui se passait avec la musique, Smashing Pumpkins, No Doubt, Alice in Chains, Dream Theater, toute la vague grunge dans toute les vagues rock alternative y avait des trucs de fou c'était la folie. Moi je me capte complètement là-dessus.

CEDRIC
Dans les nouveaux groupes après c'est vrai je ne suis pas trop dessus.

FLOW Dans les nouveaux groupes y a un groupe à qui je fais un petit coucou, Dirty Shirt, on se connait un peu et on a fait quelques dates ensemble, ou le groupe australien "Twelve Foot Ninja" qui mélange un peu les styles aussi. Mais c'est vrai qu’on revient toujours à ses classiques et en plus maintenant que j’ai des gamins je leur fait écouter du bon son que papa il aime bien donc du Jackson du Stevie du Mr Bungle voilà quoi. Ça ne touche pas de la même façon mais peut-être aussi aujourd’hui on écoute ça avec nos oreilles de musiciens alors que quand on était jeune on était plus des éponges à émotions.

CEDRIC Il n’y a pas de changement en fait. "And Justice for All" de Metallica reste un chef d'œuvre pour moi.

FLOW J’ai oublié les Red Hot Chili Pepper ... Les vrai Red Hot à l’époque de "Blood Sugar Sex Magik" "One Hot Minute" waouh j’ai racheté le cd tellement il était rayé, j’adore toujours écouter ça c'est parfait.

Comment avez-vous vécu cette année de confinement ?

CEDRIC Moi je l’ai bien vécue en tant que prof de musique, j’ai pas beaucoup bossé, un peu de visio au début mais après c’était un peu la misère donc j’ai vite arrêté. Ça m’a permis de bosser mon instrument et de bosser les morceaux du groupe. Du coup J’ai eu plus de temps donc ce n’était pas une mauvaise chose.

FLOW Moi c’était spécial parce que je vis que de la musique live, je donne des cours de musique et du coaching donc je suis toujours sur quelque chose d'assez vivant et j’ai deux enfants en bas âge qui quand le confinement a commencé un avait 3 ans et l’autre 1 an. Je vis dans un appartement de 50 m² en plein centre de Paris, heureusement que j’avais une cour. Je me suis consacré à mes enfants et j’ai mis mon activité musique complétement de côté. Sauf le groupe 6:33 avec qui on continuait d’avancer en fait. Je suis un mec du live, c'était cathartique pour moi, je sors des choses que j’ai besoin de sortir et que je ne pouvais plus sortir, donc je suis devenu alcoolique au début. Très rapidement et très succinctement je me suis dit ce n’est pas la bonne solution justement. J’ai fait du sport je me suis entretenu physiquement pour pouvoir être prêt quand ça reprendrait. Le truc positif c'est que ça nous a permis de finir notre album. Donc spécial, mais content d’en être sorti, de reprendre les live. Donc maintenant on est prêts. On a essayé de capitaliser sur ce que ça a été.

Y a-t-il un artiste ou un groupe avec lequel vous auriez rêvé de jouer ?

FLOW Hier, j’ai une copine qui a croisé Sting, c'est un pote à elle qui faisait une interview, elle m’a envoyé les photos, j’étais fou, j’adorerais le rencontrer, bon ok on jouera jamais avec lui mais pourquoi pas. Sting en featuring sur un 6:33, j’en rêve. Y a aussi des artistes avec qui ça me ferait flipper de jouer, un mec comme Mike Patton c'est une sorte de mentor pour moi quand j’étais gamin. Quand je suis arrivé à l’école de musique et que j’ai vu qu’il était une référence j’ai fait ouuuuwoouuu parce que je viens de Chamonix, le trou du cul du monde, où la musique ce n’est pas le sport national et ce mec j’ai cauchemardé qu’il pensait que je faisais de la merde et qu’il ne pouvait pas m’encadrer, donc lui je pense que j'aurais peur. On a eu la chance d’ouvrir pour Devin Townsend, là c’est Nicko le gratteux qui s'est chié dessus grave. "Dirty Shirt" "Twelve Foot Ninja", on adorerait jouer avec eux. En plus avec eux ça colle au niveau de l’image.

Pour finir, si vous ne deviez conserver que 3 choses : un disque, un film, et un 3ème choix ? Quelle serait votre sélection et pourquoi ?

FLOW Moi je pars avec mes gamins et ma femme déjà, et je pars avec mes amis et de quoi construire une baraque et faire un studio d'enregistrement et de quoi faire la cuisine pour bouffer. La zic, la famille et mes potes, ça ça me va bien !

CEDRIC  Ma femme, une batterie et de l'alcool (rires).

FLOW Tu vois, quelque part on part ensemble ... (rires)


Paris 8 Octobre 2021
Thierry Cattier  - Photos : Th Cattier / Shooting Idols.