NIGHT DEMON un nom qui fait penser immédiatement à un bon film d'horreur de série B des années 80 mais c'est aussi et surtout celui d'un gang de Heavy Metal qui nous vient tout droit de la côte ouest des Etats Unis de Ventura plus précisément. Formé en 2011 par le chanteur/bassiste Jarvis Leatherby et le guitariste Brent Woodward remplacé en 2016 par Armand John Anthony le combo distille un excellent Heavy Metal des plus traditionnel fortement influencé par la New Wave Of Bristish Heavy Metal des années 80 ! Après un Ep Night Demon et deux opus Curse of the Damned et Darkness Remains auquel vient se greffer un live paru en 2018, les voilà enfin de retour avec Outsider un album conceptuel ambitieux qui nous entraine dans un univers mystérieux et surnaturel inspiré par le cinéma fantastique et l'Irlande du Nord ou Outsider à été conçu en pleine pandémie ! Pour en savoir un peu plus sur la genèse de cette nouvelle galette Shooting Idols a pu soumettre à la question Jarvis Leatherby le leader de la formation ! Un entretien découverte aux confins des abimes de la peur ! Frayeurs garanties ! Magnéto Jarvis c'est à toi !
L'année dernière vous avez effectué une longue tournée Européenne du 24 mai au 26 juin 2022 l'Europe est un peu votre seconde maison ?
Jarvis Leatherby. Nous sommes venus en Europe souvent. Ce que je me souviens le plus, c’était notre retour à la maison après les tournées que nous faisions depuis des années en 2019 pour des raisons évidentes. C’était super de revenir. Je me souviens du prix élevé de l’essence. Probablement sans l’Europe, nous n’aurions pas de carrières. C’est certainement la première maison pour nous (rires). Les européens apprécient la musique que l’on joue, j’apprécie le fait de revenir aussi souvent que possible pour jouer.
Est-ce que tu apprécies d’être sur la route et de jouer chaque soir dans une ville différente ?
Jarvis Leatherby. C’est difficile mais quand le show est terminé je suis toujours fier de l’avoir fait. Mais c’est toujours une vie dure, c’est difficile de bouger tous les jours et de le faire, mais je ne n'échangerai ma vie pour rien au monde. Je suis content et content de le faire à chaque fois. Alors je l’accepte.
Tu donnes à peu près cent concerts par an. Qu’est-ce que tu essaies de transmettre au public qui vient te voir ?
Jarvis Leatherby. Nous sommes surtout connus comme un groupe qui donne une grande énergie sur scène. C’est notre premier but de donner de l’énergie aux gens parce que si tu veux juste écouter de la musique tu peux écouter la musique chez toi. Quand tu vas à un concert tu veux voir de la performance, un concert et je crois que nous avons toujours donné plus d’attention aux shows et les éléments qui vont avec quand nous jouons et s’assurer que tout le monde sue beaucoup, saute très haut, bouge et qu’il y est un minimum de production, quelque chose de visuel pour les gens. C’est très important. C’est notre principale préoccupation.
Tu as joué l’année dernière à Lyon le 22 juin. Te souviens-tu de ce concert ?
Jarvis Leatherby. Nous avons joué au festival européen au Rock N Eat. Nous avions déjà joué là-bas et le propriétaire de l’établissement ne voulait plus que l’on revienne parce que nous étions trop bruyants. Mais comme c’était complet il devait nous prendre.
Est-ce que vous avez déjà joué à Paris ?
Jarvis Leatherby.Oui nous avons joué à Paris avec Accept. Nous avons joué dans des endroits comme des donjons, nous avons joué lors d'un show Metal filmé je ne sais pas si tu t’en souviens. Nous étions à la télévision française. Oui nous sommes définitivement allés à Paris.
Tu reviens avec un nouvel album intitulé « Outsider ». Comment s’est passé l’écriture de ce concept album ? Est-ce que cela t’a pris beaucoup de temps au niveau de la conception ?
Jarvis Leatherby. Ça nous a pris effectivement du temps, car nous avions la chance de pouvoir prendre notre temps car rien ne se passait dans le monde. La pandémie était terminée et nous avons débuté l'écriture dès le premier confinement. Alors nous avons fait bon usage de notre temps. Et nous voulions être aussi bon qu’il soit possible de l’être. J’ai vraiment apprécié de prendre mon temps de le faire.
Comment est née l’idée de faire un album concept ? Est-ce que c’est quelque chose que tu avais à l’esprit depuis longtemps ?
Jarvis Leatherby. Oui. En fait tous les albums que l’on a faits ont tous commencé par un concept (rires). C’est si difficile à faire du début à la fin. C’est juste compliqué. Éventuellement on arrête et on a des chansons aléatoires, mais cette fois nous savions que nous devions le faire. Nous devions le faire et c’était très dur à faire mais nous n’avons pas lâcher l’affaire. Je suis très fier.
J’ai vu que tu as composé les morceaux en Irlande du Nord ? Est-ce que c’est quelque chose qui a eu un impact sur l'ambiance de Outrider ?
Jarvis Leatherby. Oui absolument. Je le crois aussi car l’endroit où j’ai écrit est un endroit physique, si je n’avais pas été là-bas, cela n’aurait pas été la même histoire rendue possible. C’est une chose magnifique qui est arrivée et en plus tout va tellement vite à Los Angeles, un endroit où je peux me poser avec mon esprit et collecter mes pensées. L’Irlande était l’endroit idéal.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur cet album ?
Jarvis Leatherby. Cela a été bon pour nous car nous avions du temps pour écrire. Quand tu fais des tournées continuellement tu n’écris pas de chansons. Malgré l’aspect dramatique de la pandémie dans le monde, c’était une bonne chose pour le groupe. C’était vraiment bien de pouvoir se reconnecter avec nous même, d’appuyer sur la pédale de frein et de s’arrêter pour une minute.
« Darkness Remains » votre dernier opus est sorti en 2017. Quelles sont les principales différences avec le petit nouveau ?
Jarvis Leatherby. Ils sont tellement différents. Nous avons parcouru tout le genre du Heavy Metal Classic nous ne pouvions rien créer de plus. Cet album est une marche en avant, sonne comme Night Demon. C’est juste d’écrire de la musique à une histoire et de la capturer, c’est plus une bande originale si on peut dire. C’est un état plus artistique.
Je sais que tu apprécies beaucoup les films d’horreur. Est-ce que cet album pourrait faire partie d’une prochaine bande annonce du film que tu as en tête ?
Jarvis Leatherby. La vérité est que j’ai écrit l’histoire en premier comme un scénario de film. La réponse est oui.
Donc tu aimerais voir l’histoire de Outrider un jour au cinéma ?
Jarvis Leatherby. Absolument, ma plus grande passion en dehors de la musique sont les films. Je suis obsédé par ça et mon but un jour est de réaliser un film. On ne sait jamais, ce pourrait être cette histoire. On verra.
Est-ce que vous avez enregistré en studio ensemble ou chacun de son côté ?
Jarvis Leatherby. Non, ensemble et en live dans une seule pièce.
Est-ce que c’était facile ? Est-ce que cela a pris beaucoup temps en studio ?
Jarvis Leatherby. Non, on a passé cinq à six jours. Nous avons beaucoup répété. Nous nous préparons toujours avant d’aller en studio. Nous n’aimons pas passer beaucoup de temps à l’enregistrement. Le temps passé était de faire les démos et de répéter comme un groupe ensemble.
Quel est le défi que tu t'es fixé en rentrant en studio ?
Jarvis Leatherby. Il y a toujours un challenge avec ce qui ne t’es pas familier avec certaines chansons, comme si tu venais de l’écrire, c’est pour ça que nous souhaitions répéter un maximum avant d’enregistrer. Sinon tu finis le morceau et tu t'aperçois que tu ne l’aimeras jamais. A la fin de la journée tu l’écoutes toujours en arrière et tu te dis que tu la joues mieux qu’avant. Nous avons essayé de faire du studio un processus facile. Tu effectues le travail difficile avant.
Avant d’enregistrer, fais-tu une sélection des chansons ?
Jarvis Leatherby. Non, jamais. Nous n’écrivons jamais de chansons qui ne figurent pas sur l’album.
Te souviens-tu de la première chanson que tu as écrite pour l’album ?
Jarvis Leatherby. Oui c’était « Beyond the Grave ».
Le fait d’écrire la première chanson a t'il eu un impact sur les autres chansons ?
Jarvis Leatherby. Oui je le crois définitivement. Nous n’écrivons pas de long morceaux, les chansons qui sont plus longues t’emmènent vers un voyage. Elles ne se répètent pas d’elles-mêmes. Une fois qu’on a écrit la première on s’est dit d’accord, c’est progressif continuons dans cette voie.
Avec cet album tu as essayé de faire de la musique plus accrocheuse, plus facile à écouter pour les gens était ce volontaire ?
Jarvis Leatherby. Je ne sais pas. Ce qu’on voulait réaliser est une histoire complète et finir l’album. (Rires). C’est tout. Je crois peu importe ce que les gens pensent, ils le pensent. Je ne peux pas décider à leurs places, et leur dire ce qui est bien ou mal ou ce que je vais réaliser. La seule chose que quelqu’un puisse faire est juste de créer. Certains aiment, d’autres pas. Le fait que cet album existe et que nous l’avons fait, c’est notre réalisation dont nous sommes fiers.
Pourquoi avoir choisi « Outsider » comme single ?
Jarvis Leatherby. C’est difficile car c’est un concept album. Toutes les chansons sont réparties dans l’ordre. Alors j’ai demandé à la compagnie de disque de décider à propos du single. Je leur ai dit de choisir car je suis trop attaché à ses chansons, et trop près de d'elles je dirai. Je ne voulais pas prendre la mauvaise décision. D’habitude j’ai plus de contrôle. Mais cette fois çi je les ai laissés décider sur le single qui devait sortir. J’ai aimé ce qu’ils ont choisi.
Quelle est l’histoire de « Outsider » ?
Jarvis Leatherby. C’est une longue histoire qui se développe sur tout l'opus. Dans cette chanson spécifique c'est la partie de l’histoire où les personnages finissent dans une réalité alternative et il voit tous ses amis qu’il connait mais ils sont différents parce qu’ils ont grandi dans une autre réalité que la sienne. Mais les paroles n'ont pas été écrites dans un sens littéral, ça peut signifier tout ce que tu veux par rapport à une personne différente. Nous sommes tous un peu des outsiders. Être dans le Heavy Metal ou peu importe, cela peut parler à tout le monde sur ce qu’ils veulent vraiment devenir.
Est ce qu'il y a une partie des paroles plus importantes pour toi ?
Jarvis Leatherby. Non je crois que c’est l’ensemble honnêtement. Tout.
Tu as fait beaucoup de choses durant la pandémie dont deux reprise de Scorpions "Top Of The Bill" et "In Trance" ?
Jarvis Leatherby. Ce sont des versions live. Uli Jon Roth a joué les titres avec nous sur scène. C’est pourquoi nous l’avons fait (rires).
Comment s’était de jouer à ses côtés ?
Jarvis Leatherby. C’était incroyable. Impressionnant. C’est un rêve qui est devenu réalité. Je suis si heureux d’avoir pu capturer ce moment.
Tu as aussi repris "The Sun Goes Down" de Thin Lizzy !
Jarvis Leatherby. C’est dans ma liste des top 5 des groupes favoris de tous les temps. Absolument.
Comment est née cette passion pour la New Wave Of British Heavy Metal des années 80’s ?
Jarvis Leatherby. Nous avons toujours aimé les groupes de la NWHMB. Il y en a tellement que nous adorons et je ne peux pas m’empêcher d’en dire plus à propos de ces formations. Il y en a tellement que les gens ne connaissent pas vraiment. Alors à chaque fois que l’on peut le faire et les exposer à nos fans nous sentons que nous leur devons au moins ça. Nous ne pourrions jamais exister sans eux.
On ressent l'influence d’Iron Maiden sur certains titres. C’est important pour toi de développer ce côté Iron Maiden ?
Jarvis Leatherby. Oui, Iron Maiden est dans ma tête. C’est le plus grand groupe de tous les temps (rires). Il y a de grandes raisons pour nous de faire ce que l’on fait et j’apprécie le fait qu’ils continuent à jouer et je continue à les voir jouer régulièrement. Ce serait super de jouer avec eux mais Steve Harris n’est pas mon père (rires). Ça ne se produira probablement pas.
Tu as quand même fait une tournée de deux mois avec Accept en Europe et aux Usa en 2018.
Jarvis Leatherby. Oh c’était vraiment cool, je le referai avec plaisir. C’était vraiment bien. A chaque fois que l’on peut jouer avec nos héros c’est toujours, qu’est ce qui se passe maintenant ? Est-ce que ça se passe vraiment ? Très cool vraiment.
Quelles étaient les relations avec les musiciens d'Accept ?
Jarvis Leatherby. A cette époque nous faisions beaucoup de soirées, nous buvions beaucoup d’alcool et nous consommions de la drogue. Il y avait une séparation avec ça avec Accept, mais dans l’ensemble nous nous sommes très bien entendus et nous sommes très respectueux envers eux. Ils ont fait beaucoup pour nous et je serai toujours reconnaissant envers eux.
Sur Facebook tu as rendu hommage à Steve Grimmett le chanteur de Grim Reaper disparu le 15 août 2022. Quelle était ta relation avec lui ?
Jarvis Leatherby. Je le connaissais très bien. J’étais en Equateur quand il a perdu sa jambe et en fait on devait jouer le jour où il nous quittait, c’était un peu irréel, en fait il m’a demandé de le manager au début de l’année 2022 et on s’est retrouvé pour se rencontrer à Glasgow en Ecosse. J’ai essayé de l’aider un petit peu dans sa carrière jusqu’à la fin. Nous avions une bonne relation et aussi avec sa femme Millie mais malheureusement c’est comme ça. Il nous a quitté. Je suis content d’avoir vu le groupe maintes fois. Mais c’est comme ça. La chose qui est cool quand tu fais de la musique est que ça dure. Ça dure. La musique sauve les âmes et c’est un de ces gars qui a fait ça. La musique l’a aidée, et il est encore là. C’est la chose qui soit la plus cool, pas vrai ?
Avant la naissance de Night Demon, tu as organisé des concerts notamment avec Motörhead et Dio !
Jarvis Leatherby. A l’époque c’était en Californie, personne ne s’intéressait au Classic Metal. C’était une expérience amusante. Tout le monde était sympa, mais il n’y a eu que cinq cents billets vendus. Est-ce que tu peux croire ça ? Si je m’en rappelle bien et le même weekend j’ai joué avec Fear Factory et il y avait mille tickets vendus pour ce show. C’est comme ça que c’était au début du milieu des années 2000. C’était comme ça qu’était la culture. Personne ne s’intéressait à Motörhead ou Dio. C’était une mauvaise période pour ce genre de musique. Ça n’a pas duré et s’est revenu.
Est-ce que tu crois que le Metal n’est plus aussi populaire qu’avant aux USA ?
Jarvis Leatherby. C’est dur à dire. C’est le seul genre de musique qui a des genres et qui à trois cents sous genres de musique. Alors je crois que c’est populaire. Les plus populaires sont les groupes qui ont des gadgets, qui portent des masques ou qui n’essaient pas d’être eux-mêmes. Je ne dis pas qu’ils emportent la musique ou une partie de la musique pour tous ces groupes. Je pense que c’est le cas de nos jours. C’est plus basé sur l’image plutôt que basé sur la musique. Il y a une tonne de différents combos dans le Metal. Ils sont tous populaires dans leur propre truc. Il y a des sous genres, on ne peut pas les connaitre tous mais ce sont des gros groupes. J’aime bien tous les anciens groupes.
Pour « Kill the pain » tu as travaillé en Europe, plus précisément au Danemark à Copenhague avec Flemming Rasmussen qui a produit les quatre premiers albums de Metallica. Comment était ce de travailler avec un tel producteur ?
Jarvis Leatherby. Oh c’était vraiment bien, il avait les pieds sur terre. Il nous a bien traité, on a passé du bon temps à enregistrer avec lui. Il nous a raconté l’histoire de Metallica. Il n’avait pas la grosse tête, il était vraiment cool quand il travaillait avec nous. Je travaillerai avec lui encore, il était sympa et agréable.
Est-ce que tu aimerais travailler avec des grands producteurs pour les prochains albums ?
Jarvis Leatherby. Nous enregistrons dehors à notre façon. J’aime enregistrer entre nous, nous avons travaillé avec des gros producteurs. Ça va. Mais je pense que l’on a fait ça assez souvent. Nous savons comment nous devons faire notre son et on préfère le faire nous-mêmes car nous sommes plus à l’aise.
Finalement vous vous sentez plus libres dorénavant.
Jarvis Leatherby. Oui.
Qu’est ce tu souhaites rajouter quelque chose d’important concernant l’album qui sort le 17 mars ?
Jarvis Leatherby. Cela va surprendre les gens de nous connaitre. Cela peut être de la bonne ou de la mauvaise manière. Ça me va. Cet album va traverser les âges très bien, si tu ne l’achètes pas tout de suite écoute le plusieurs fois ce n’est pas très long. A la troisième ou quatrième écoute tu trouveras quelque chose là-dedans et tu comprendras l’étendu de tout l’opus. Il doit s’écouter comme ça.
Comment te sens tu avant la sortie de l’album ?
Jarvis Leatherby. Je me sens bien et libéré de l’avoir fini. Il faut le sortir maintenant.
13 Février 2023
Pascal Beaumont / Photos DR
Pascal Beaumont et Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)