samedi 29 mai 2021

TETRARCH (Josh Fore Chanteur Guitariste) // Interview // I'm Not Right... 25 Mars 2021.


Si TETRARCH s'est fait connaitre en 2018 avec son tout premier opus Freaks, le gang d'Atlanta à débuter quelques années auparavant plus précisément en 2008 grâce à la rencontre de Josh Fore (chant/guitare) et Diamond Rowe (guitare) alors tout deux adolescents ! S'en suivit très rapidement l'enregistrement de plusieurs Ep Pravda in the Summer en 2008, The Will to Fight en 2011, Relentless en 2013. Mais c'est avec Freaks que le combo se révèle au grand jour sur la scène internationale. Œuvrant dans un Metal Alternatif fortement influencé par SLIPKNOT qu'ils ont d'ailleurs repris avec "People = Shit», nos américains viennent de signer un contrat mondial avec Napalm Records juste avant la sortie de son deuxième album studio Unstable produit par Dave Otero (Cattle Decaptitation, Allegeon, Khemmis) qui avait déjà sévis sur leur premier album et les accompagne depuis un long moment. Le premier single de l’album, ‘I’m Not Right’, a connu un succès phénoménal à la fois dans la stratosphère Metal mais aussi au niveau de la radio grand public à travers tout le territoire US, le clip ayant recueilli 1,2 million de vues en seulement deux mois un exploit par les temps qui courent. Un véritable record qui leur a permis de s'imposer comme les leaders d'un Rock puissant, technique alliée à un groove incroyable et des refrains massifs destiné à vous envouté littéralement les neurones à une vitesse supersonique sans jamais vous lacher. Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle révélation d'outre atlantique Inspiration Metal à soumis à la question le guitariste et fondateur Josh Fore afin de découvrir l'itinéraire parfait d'une formation pas tout à fait comme les autres. Voyage au cœur du Metal US. Magnéto Josh c'est à toi !


Quel souvenir en gardes-tu de votre dernier concert avant la pandémie le 13 Octobre 2019 dans le cadre du Festival Great Stage Park aux côtés de Guns N’Roses, Deftones, Lamb of God, Gojira ?

Josh Fore.
C’était un festival incroyable, on est très fier d’y avoir participé. Guns N’Roses est un des plus gros groupes de la planète, ils sont si importants. C’était vraiment agréable de pouvoir les voir derrière la scène et pouvoir voir leur show. On a passé un bon moment la foule était en délire, sautait, dansait. On a été les premiers à monter sur scène ce dimanche-là, c’était très tôt. Tu ne sais jamais ce qui peux arriver mais la foule était fantastique. Je ne sais pas quand les concerts vont pouvoir reprendre mais c’est définitivement un festival auquel j’aimerai encore participer.

Comment décrirais-tu le groupe sur scène pour tous ceux qui ne vous ont jamais vu en Live ?

Josh Fore. Je dirai que c’est de l’énergie avant tout que nous injectons dans nos shows. On associe la foule avec nous, on ne joue pas pour nous même mais pour chaque personne présente dans le public. On espère un retour de leur part.

Est-ce que tu apprécies la vie sur la route ?

Josh Fore. Oui c’est ce que je préfère. Être en studio, enregistrer un album c’est bien mais il n’y a rien qui peut remplacer un concert. J’aime être sur scène, m’amuser, chanter, jouer de la guitare, courir un peu partout c’est là que je trouve mon énergie. Si je devais choisir entre les deux ça serait définitivement la scène !

Qu’est-ce qu’un bon concert de TETRARCH ?

Josh Fore. Pour moi un bon concert n’est pas forcément techniquement parfait. On est humain, on fait tous des erreurs, c’est aussi ce qui fait que l’on est nous-même mais on y prend du plaisir. Chaque show n’est vraiment jamais le même. On aime transmettre notre énergie et rallier à notre cause les gens qui ne nous ont jamais vu auparavant, leur faire comprendre qui on est. Lors du set on aime sauter partout et emmener la foule avec nous pour qu’elle passe un bon moment. Pour moi c’est ça un bon concert. Ce n’est pas nécessairement le fait de jouer parfaitement, ce qui est important c’est comment la foule va réagir et si elle va passer un bon moment. C’est très important pour nous.

Comment s’est déroulé le processus de composition de Unstable ?


Josh Fore.
Comparé à Freaks c’était un peu différent on était plus libre et plus en confiance lors de l’écriture de cet opus. Avant Freaks nous avons composé quelques Ep, on était jeune et plutôt branché METALLICA, MEGADETH. On voulait écrire des morceaux direct et très rapide, Heavy. Au fil du temps on a réalisé que l’on n’avait pas que ce genre d’influence, que l’on appréciait d’autres styles de musiques bien différentes. On a senti que l’on avait envie d’amener quelque chose de nouveau pour créer un autre son, notre son. Freak a été une première opportunité pour créer ce que nous aimons, c’était un début, une sorte de transition vers ce premier album. On a trouvé un son que l’on n’avait pas utilisé auparavant, on a aussi essayé de varier au niveau des styles vocaux. C’est un peu un album expérimental, on a essayé de nouvelles choses. C’est une évolution. Freak a posé les bases et on s’est servi des meilleures parties de Freaks pour aller beaucoup plus loin tous ensemble et ça a donné Unstable.

Pour les sessions d’enregistrement vous avez choisi de travaillé une nouvelle fois avec Dave Otero (Cattle Decapitation, Allegeon, Khemmis) qu’est ce qui a motivé ce choix ?

Josh Fore.  Dave a mixé tous nos premier Ep. On avait enregistré tous ces morceaux dans différents studios et Dave s’est chargé du mixage. On a débuté avec lui en 2010, il a mixé nos quatre premiers titres. On a adoré la manière dont il a fait sonner nos morceaux, il nous a donné un gros son puissant et plein d’énergie. Quand est arrivé le moment d’enregistrer Freaks, on a cherché à savoir qui pourrait bien nous correspondre en tant que producteur. Et puis on s’est dit et si on retravaillait avec Dave, on aime le son qu’il nous a donné, c’est facile de travailler avec lui, on le connait depuis longtemps. C’était quelque part très naturel, on était dans un environnement d’enregistrement confortable, il n’y avait pas de problème d’égos ou d’autres choses comme ça. On savait qu’avec lui on pouvait créer quelque chose de plus massif on est donc revenu vers lui. Cette fois d’un point de vue créatif on était encore plus proche les unes des autres plus unis, on travaillait ensemble main dans la main. Tout s’est très bien passé, un grand projet pour un grand album. Ce qui est cool avec Dave c’est qu’il connait bien le Death Metal, il a travaillé avec beaucoup de formation qui officie dans ce style, très Heavy. Mais il a aussi de très bonnes oreilles pour les harmonies et les mélodies, il est très bon là-dedans. Ça a matché entre nous, il nous a apporté un côté très Heavy avec une dimension Pop basé sur de belles harmonies et de superbes mélodies.

 Est que en tant que chanteur tu travailles sur une préparation particulière avant de rentrer en studio ?

Josh Fore.
Oui, je pense que pour cet opus je suis arrivé dans une très bonne condition vocale bien meilleure que pour Freak. Pour Freaks cela a été beaucoup plus difficile, je n’étais pas sûr de moi, pas confiant, j’essayais de sonner et de chanter d’une manière que je n’avais jamais faites auparavant. J’étais très intimidé et ça m’a pris beaucoup de temps au niveau de prises en studio et pour les terminer. Pour Unstable c’était très différent, on a tourné pendant deux ans et demi. Avec tous ces concerts que l’on a donnés, j’ai beaucoup chanté et ça m’a permis de me sentir un peu plus fort. C’est dans cet état d’esprit que je suis arrivé en studio pour enregistrer les voix de Unstable. Je n’avais plus d’hésitations, je pouvais aussi chanter d’une manière plus complexe, je n’avais plus besoin de me cacher derrière des artifices, j’étais capable de le faire. C’est venu naturellement, j’étais beaucoup plus confiant. J’ai pu enregistrer mes voix beaucoup plus rapidement que sur Freak, en travaillant plus les harmonies. Mon expérience a fait que je ressentais mieux les morceaux, j’étais vraiment bien plus en confiance, je ne doutais plus, je n’étais plus nerveux.

Avez-vous écrit beaucoup de morceaux et fait une sélection pour l’album ?

Josh Fore. Oui, on a fait beaucoup de démos, de titres. On a beaucoup travaillé ensemble c’est comme ça que sont née les morceaux et on a abouti à ces dix titres qui se trouve sur Unstable. On a amélioré les morceaux pour les rendre plus fort. Finalement on avait 11 chansons mais il y en avait une que l’on ne trouvait pas aussi forte que les autres et donc on a décidé de la mettre de côté. C’est très difficile d’effectuer un choix pour déterminer quels sont les titres qui vont se retrouver sur l’opus. Parfois il y en a un qui te plait mais que les autres n’aiment pas forcément. Parfois il faut se battre pour un morceau que tu trouves vraiment bon et le défendre auprès des autres. Mais on doit tous se sentir en confiance par rapport aux chansons.

Qu’allez-vous faire du titre restant ?

Josh Fore. On va peut-être l’utiliser en bonus mais pour nous ce titre ne méritait pas de finir sur l’album car il n’était pas assez bon. Donc on ne sait pas si on va le sortir. On a tout un tas de riffs que l’on peut utiliser pour des titres, on a des mélodies, des voix. On a d’autres titres qui sont nouveaux, on continue à écrire, on verra ce que l’on ferra de ce morceau par la suite.

Est-ce qu’il a des morceaux qui ont été un défi vocal au niveau de l’enregistrement ?

Josh Fore. Oui il y a eu beaucoup de challenges à réaliser sur certaines parties vocales et sur plusieurs titres. Il y a des morceaux ou les voix sont très hautes au niveau des harmonies. J’ai dû me mettre en confiance et relever le défi. En studio tu chantes beaucoup et il faut essayer de garder une certaine fraicheur vocale et ne pas se cramer trop rapidement. Le gros défi c’est de ne pas être nerveux, il y a aussi un challenge physique, il faut résister à cette pression que tu te mets pour chanter le mieux possible et sonner du mieux possible. C’est la partie la plus difficile en studio, être capable de se sentir libre, ne pas être perturbé et pouvoir se concentrer au mieux. Mais j’ai pris du plaisir sur la plupart des titres que j’ai enregistré en studio.

Il y a beaucoup de mélodies très accrocheuses sur ces dix titres, chaque refrain est facilement mémorisable, était-ce votre objectif ?

Josh Fore.  Oui absolument. On est une formation au croisé des chemins musicalement parlant. On est très Heavy, il y a des titres très Metal sur cet opus et nos fans peuvent s’y retrouver. Mais on a aussi grandi avec des combos qui avaient des chansons aux refrains très catchy avec des voix et des guitares qui étaient très facilement mémorisable. Il y a des chansons très catchy sur cet opus avec des refrains très fort. On aime que nos fans puissent mémoriser immédiatement nos titres même s’ils viennent de les découvrir et qu’ils puissent le garder en tête lorsqu’ils se balade. Il faut qu’il y ait quelque chose dans le morceau, on veut des refrains identifiable et attrayant pour que les gens s’en souviennent et les gardent en eux. Mais on est aussi très Heavy et technique sur certains morceaux. On écrit des chansons que l’on apprécie et qu’on a envie d’écouter. C’est ce qui est excitant et on veut que ce soit pareil pour les gens qui nous écoutent.

Les textes ont l’air d’être très important pour vous comme sur votre single « I’m Not Right » ?

Josh Fore. C’est un titre qui parle d’une démarche que tu peux avoir, tu te lèves et tu réfléchis à ce que tu es. Tu t’aperçois que tu n’aimes pas la direction que ta vie prend, ce qui t’entoure. C’est essayé et arrivé à trouver le positif dans tout cela. Je vis cette situation mais je ferai n’importe quoi pour en sortir. C’est ce genre de sentiment qui nous anime, on développe le côté positif de la situation. C’est un texte très sombre mais où tu essayes de se sortir d’une mauvaise situation.

Est-ce qu’il y a un titre dont tu te sens plus proche émotionnellement au niveau du thème abordé ?

Josh Fore. Je dirai « I’m Not Right » c’est très personnel mais il y a aussi « Never Listen » et « Sick Of You ». C’est une de mes préférés, il y a toujours beaucoup de personnes qui entourent un groupe, qui ont des choses à dire et qui parfois essaye de nous faire chuter. C’est une chanson que j’avais envie d’écrire à propos de ces gens qui veulent nous faire tomber, c’est un sujet qui m’est très personnel.

As-tu été surpris par le succès phénoménal de « I’m Not Right » ?

Josh Fore. Je ne dirais pas surpris parce que c’est ce que nous espérons tous mais tu ne sais jamais ce qui peut arriver. On a sorti ce single pendant la pandémie et cela a dépassé tout ce que l’on pouvait imaginer. On a eu des millions de vues très rapidement, on était sur Spotify (Ndr : ce morceau leur a permis de se retrouver, en moins de 24 heures, en cover et en tête de la playlist "New Blood" de Spotify), on avait l’espoir d’avoir fait bien mais ça a été beaucoup plus loin que l’on pensait. On a surfé sur cette chanson pendant neuf mois puis on a sorti « You Never Listen » et en deux semaines ça a été très vite aussi. Mais avec « I’m Not Right » on a commencé à être un groupe Heavy et en quelques mois on est devenu beaucoup plus mainstream, on passait sur les Radios Classics Rock et ça nous a amener d’autres fans issus d’un autre univers.

Est-ce que la pandémie a eu un impact sur la conception de cet opus ?

Josh Fore. Oui cet album a été fait en Septembre/Octobre 2019 afin de le terminer à la fin de cette année. Au début de l’année 2020 tout était prêt, tout a été fait avant la pandémie. Ensuite le problème était de savoir quand nous pourrions sortir cet album, on ne savait pas. Mais on est heureux de l’avoir sorti et de constaté que ça a fonctionné.

Est-ce qu’effectuer le choix des singles a été difficile ?

Josh Fore. Oui c’est très difficile, tu ne sais pas quoi choisir et quel est le bon single qui pourrait correspondre au moment. On demande à des amis proches, on leur fait écouter les morceaux pour savoir ce qu’ils en pensent. On a choisi le titre qui ouvre l’album et on a fait le bon choix. Mais cela a été compliqué de décider car chacun avait son avis. Finalement on a choisi « I’m Not Right », on voulait un morceau très Heavy, en suite on a opté pour « You Never Listen ».

Pourquoi avoir appelé cet album Unstable selon toi qui est instable ?

Josh Fore. Tout le monde est instable, c’est une expression qui va bien aux autres mais qui nous convient aussi. La pochette représente bien ça avec cet enfant au regard perdu et ce docteur juste
derrière lui. La question est qui est vraiment instable le docteur ou l’enfant.

Comment est née ta passion pour le Metal ?


Josh Fore. J’ai beaucoup été marqué par METALLICA et GREEN DAY. Je regardais leur performance live en permanence et j’écoutais leurs albums. Pour moi le Black album de METALLICA à été une révélation et m’a fait découvrir le Metal. C’est comme ça que j’ai apprécié la guitare, je jouais dans ma chambre non-stop tous ces morceaux. Ensuite au fil des années j’ai découvert des groupes plus Heavy TRIVIUM, GODJIRA mais j’ai aussi écouté de la Pop.

Tu as débuté très jeune ?

Josh Fore. Oui je crois que j’avais 12 ans, on était toute une bande, on appréciait la musique, on jouait de la guitare. C’était en 2007, j’étais au collège c’est là que j’ai rencontré les autres membres du groupe. Notre rêve était de faire du Rock, on a débuté ainsi. On a grandi musicalement ensemble. On était tout le temps ensemble. On jouait le weekend, on donnait de petits concerts locaux, on cherchait des dates nous-même. On jouait pour peu de personnes, dans des bars ou autres. On a tout fait ensemble pas à pas et ça été très amusant de progresser et de grandir ensemble, d’élargir nos horizons.


25 Mars 2021.
Pascal Beaumont  


vendredi 28 mai 2021

HAYLEN / CORA LYNN & The Rhythm Snatchers // En concert @ Paris les 3 Baudets 15 Juin 2021.

 



20h (45mn) - CORA LYNN & THE RHYTHM SNATCHERS
Cora Lynn : Chant/guitare, Alex Mazzoleni : Guitare Lead, Andras Mitchell : Contrebasse, Alexandre Lebastard : Batterie

La scène Rock'n'roll fifties française a vu apparaître ces dernières années une formation devenue vite incontournable : Cora Lynn & the Rhythm Snatchers.
De nombreux concerts, Festivals, un single suivi d'un E.P, plusieurs apparitions T.V et un album « Rockin' the way I feel » témoignent de l'enthousiasme et de la détermination avec laquelle, Cora Lynn accompagnée de ses trois musiciens, poursuit son ascension. Reprises et compositions originales forment le répertoire de Cora Lynn & the Rhythm Snatchers : Rockabilly, Rockin' blues, Ballades, le tout joué et interprété dans le style et l'esprit fifties.
Look fifties, féminité et tempérament, d'emblée Cora Lynn se démarque et séduit. Sa présence dynamique et quasi hypnotique, sa voix claire, juste et parfaitement maitrisée font d'elle une « vrai chanteuse » dans la tradition de Wanda Jackson et de Connie Francis.

21h (45mn) - HAYLEN

Haylen : Guitare Voix, Théo De Hond : Guitare électrique, Andrew Mazingue : Contrebasse , Félix Bourgeois : Batterie

Diva au timbre envoûtant, Haylen livre une musique langoureuse, savant mélange de soul et de rock’n’roll teintée de blues et ne laisse personne indifférent.
Derrière son sourire ravageur et son allure de princesse rétro, se cache surtout une redoutable chanteuse et guitariste à la voix envoûtante.
En 2018 elle sort son premier EP " Out Of Line" acclamé par la critique ( Rolling Stone Magazine, Madame Figaro, Europe 1...)
Elle décroche quelques mois plus tard le statut de meneuse de revue / chanteuse pour le célèbre Cabaret Parisien " Le Crazy Horse" , et elle rejoint la troupe du spectaculaire "Fashion Freak Show" de Jean Paul Gaultier aux folies bergères pour plusieurs représentations. La troupe repart pour une tournée de plusieurs semaines en Russie en Février 2020.
Après avoir parcouru les scènes de plusieurs pays et joué dans de grands festivals reconnus, elle est aujourd'hui à l'écriture de son premier album aux sonorités Soul/ Blues / Rock'n'Roll.


mardi 25 mai 2021

JESSIE LEE & THE ALCHEMISTS // Chronique CD // "Let It Shine" Sortie le 7 Mai 2021.

 
Artiste : Jessie Lee & The Alchemists
Album :
Let It Shine
Date de Sortie : le 7 Mai 2021.
Label : DixieFrog - Pias
Genre : Blues

Le blues français nous révèle une pépite!
La voix puissante et charmante de Jessie Lee fait merveille. Dix titres ciselés et arrangés par Alexis Didier, qui ne se contente pas de son sublime jeu de guitare.
Du blues, de la soul, du rock... On ne pouvait pas mieux tomber. Des influences non reniée : Jeff beck, Beth Hart, Janis Joplin, Jimmy Hendrix, Led Zep s'invitent dans cet album.
Côté reprises, Jessie Lee ne faisait pas dans la demi-mesure (Emission The Voice 2016), mais sur les compositions originales, elle s'exprime librement. Et là ça décoiffe!
Des ballades les plus tranquilles aux rocks les plus endiablés, la production est parfaite. L'alchimie entre la guitare multiforme de Alexis Didier, la basse de Laurent Cokelaere, et la batterie de Stéphane Minana est extraordinaire. Les claviers de Laurian Daire ajoutent cette petite touche pop et jazzy qui unifie l'ensemble.
"Let it shine" est fier de son héritage, et s'incrit dans la lignée des grands albums de Blues. Le groupe en a encore sous le pied! on le sent très bien. Si les racines sont évidentes, la modernité est aussi flagrante. Il nous reste à la découvrir sur scène, car on pressent que cette énergie ne demande qu'à s'exprimer, et se transmettre.
"Let it shine" va faire date!!!


Les Titres :

Another
But You Lie
You Gotta
The Same
Let It Shine
Sometimes
One Only Thing
Get Out Of My Head
You Took My Mind Away
I Don't Need To Saty

 
Ricken

lundi 24 mai 2021

LIVE STREAMING // Jazz à Saint-Germain-Des-Prés Paris // Vincent PEIRANI 25 Laurent COULONDRE 28 Mai KAORI ITO Michel PORTAL TRIO 4 Juin 2021 à 21h.

 
Le festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés Paris

20ème édition  2021 entre le 25 mai et le 4 Juin "100% live stream - 100% collector"

Des concerts uniques et des expériences live enrichies

Pour exister en mai et retrouver son public , le festival de Jazz à Saint- Germain-des-prés a décidé de jouer la carte du numérique .

Cette 20è édition , très spéciale,  a été entièrement repensée pour être à la fois unique , interactive et que le spectacle reste bien "vivant ".

 
Des plateaux exclusifs et des créations :

► mardi 25 mai 2021 (21.00) : VINCENT PEIRANI
Création exclusive « Mixtape#3 » Voyage inédit sans frontière avec Mieko Miyazaki , Vincent Segal , Piers Faccini et Federico Casagrande

 
▶︎ vendredi 28 mai 2021 (21.00) LAURENT COULONDRE
« Hommage à Michel Petrucciani » en formation unique
Revivez de manière inspiré et brillante le génie rythmique du maître du piano jazz et mélodique avec Jeremy Bruyère , andré Ceccarelli , Nicolas Folmer , Denis Leloup , Stephane Guillaume .

▶︎mardi 1er juin 2021 (21.00) KAORI ITO, AIRELLE BESSON, THÉO CECCALDI Conversation libre entre Danse & Musique - création inédite pour le festival-

►vendredi 4 juin 2021 (21.00) MICHEL PORTAL TRIO
Premier concert exceptionnel depuis la sortie de son nouvel album avec Bojan Z , Bruno Chevillon .

 


samedi 22 mai 2021

PINK FLOYD // Chronique CD // "Live at Knebworth" Sortie le 30 Avril 2021.

 
Groupe :
Pink Floyd
Album : Live At Knebworth 1990
Label : Warner Music
Date de Sortie : le 30 avril 2021


Il y a des concerts, des événements qui font partie d'une histoire... de notre histoire. Ce concert des Pink Floyd est un fabuleux souvenir, à l'époque il avait été retransmis à la radio sur Europe 2 en direct ce 30 juin 1990. Pour ceux qui n'avaient pas pu faire le déplacement jusqu'à Knebwork, c'était une vraie aubaine, un concert avec une affiche à faire damner un saint.
Elton John, Dire Straits, Eric Clapton, Phil Collins, Genesis, Paul McCartney, Robert Plant, The Shadows, Tears for fears, et évidemment le moment tant attendu, Pink Floyd.

On était quelques un(e)s ce jour-là à faire tourner nos platines k7 pour immortaliser ces grands moments. Pour replacer les choses, c'était un des premiers gros festivals retransmis en stéréo avec un son diffusé en bande FM, autant dire un pur moment de joie pour l'époque.

Quelques temps après, la sortie en vhs de ces concerts nous comblait, malgré seulement 2 titres du Floyd, le premier et le dernier du concert. Aujourd'hui, voici le concert enfin édité en cd et en vinyl avec un son à tomber, pour un Pink Floyd toujours aussi efficace et avec une setlist néanmoins écourtée à une heure vu le nombre de groupes. Malgré tout, un set largement à la hauteur des légendes, des versions de "Shine on you crazy diamond", "Money", et le toujours sublime "Confortably numb", les sons d'une pureté exceptionelle sont à vous coller la chair de poule à chaque coup de médiator. La voix de David Gilmour, si parfaite, c'est un vrai pur moment d'exception que ce concert mythique enfin édité pour notre plus grand plaisir.
A noter la participation de Candy Dulfer sur certains morceaux et de Clare Torr sur "The great gig in the Sky".

Pour les vieux qui se souviennent de cette claque musicale ou pour ceux qui le découvrent aujourd’hui, 30 ans après, allez vous faire plaisir et achetez ce mythique et fabuleux concert. Et qui sait, peut-être qu'un jour, en 2090, on reverra une aussi belle affiche, qui sait...


TrackList:

Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V) (with Candy Dulfer)
The Great Gig in the Sky. (with Clare Torry)
Wish You Were Here.
Sorrow.
Money. (with Candy Dulfer)
Comfortably Numb.
Run Like Hell.

Thierry Cattier


vendredi 21 mai 2021

KENT // Interview // Juste quelqu'un de bien ... 19 Mai 2021.

 
Ya des jours comme ça, vous croisez certaines personnes qui vous font revivre des moments de votre vie.

 en est un qui, au travers de son parcours musical, a chevauché nos vies à tous. Il y a toujours un refrain qui revient dans nos têtes avec les images de notre passé. C'est avec ces précieux moments que nous avons pu faire cette belle interview de Kent, qui a accepté de répondre à nos questions avec toute sa sincérité et sans langue de bois. Un vrai bonheur de pouvoir échanger avec un artiste qui est un vrai "quelqu'un de bien". On vous laisse poursuivre votre lecture pour découvrir ce bel échange.



Tu es né et tu as grandi à Lyon. Comment s'est passée ta jeunesse, et quels souvenirs gardes-tu de tes premières années, l’adolescence, l'école, de tes amis et ta famille ?

Kent. J’ai eu une jeunesse simple dans un milieu modeste. Un divorce parental m’a offert une liberté bienvenue. J’ai gratté sur mon assiduité scolaire pour me consacrer au mieux à la BD et au rock. Deux genres plutôt mal vus à l’époque, mais je savais que c’était à cela que je voulais me destiner.

Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Kent. Enfant, j’écoutais la radio et j’aimais à peu près tous les tubes que j’entendais. Ado, je me suis plus intéressé au rock anglo-saxon. Je me suis détourné de Johnny, Polnareff et compagnie qui avaient fait mon éducation. J’ai découvert Creedence Clearwater Revival, puis les Moody Blues, les Who, Led Zeppelin… Le hard rock, le rock progressif… J’écoutais tout ce que je pouvais me procurer. Certains groupes m’ont marqué plus durablement que d’autres et c’étaient souvent des groupes en marge. Les Stooges, personne ne les écoutait autour de moi; de même que Van Der Graff Generator. Je peux aussi citer David Bowie et Roxy Music. C’était loin d’être le tout venant à l’époque, du moins en France. Doctor Feelgood a été une véritable révélation. Leur musique était tellement basique et efficace qu’ils m’ont ôté tous mes complexes. Vu mon niveau à la guitare, il m’a été plus facile de m’identifier à Wilko Johnson qu’à Jimmy Page.

A quel âge as-tu commencé à apprendre à jouer d'un instrument puis commencé à écrire tes premières chansons ? Te souviens-tu de tes premières créations ?

Kent. J’ai appris à jouer de la guitare vers 14 ans et j’ai tout de suite tenter d’écrire mes propres chansons. Dès que j’ai su aligner trois accords, j’ai composé. Je n’ai gardé aucune trace de mes premières chansons. J’essayais d’imiter Peter Hammill, ça ne devait pas être folichon.

Vers 1976 à Lyon au Lycée Saint-Exupéry, tu crées Starshooter avec des belles premières parties : The Damned, Iggy Pop ou Jacques Higelin entre autres, plusieurs tournées avec 4 albums, le dernier "Pas fatigué"  en novembre 1981 signe la séparation du groupe. Tu démarres alors une carrière solo. Quels sont tes souvenirs de ces années Starshooter ?

Kent. Je garde beaucoup de très bons souvenirs et quelques mauvais. On sautait vraiment dans l’inconnu. En 1976 en France et de surcroit en province, se lancer dans le rock relevait du délire. Il n’y avait rien pour cela, pas de circuits, pas de salles où jouer, les maisons de disques étaient noyautées par les producteurs de variété. J’avoue avoir eu de grands moments d’abattement entre mon année de terminale et notre premier article dans Rock’n’Folk signé Philippe Manoeuvre. Il avait juste écouté une cassette de démos. C’est dingue!

Il y avait une attente des mômes à l’époque pour un rock français qui leur parlait directement, on est tombés au bon moment avec la bonne attitude. Je suis fier et heureux d’avoir contribué à une explosion musicale qui a chamboulé les mentalités.

Te souviens-tu du tout premier concert que tu as donné ? De la ville et/ou de la salle ?

Kent. Le premier véritable concert de Starshooter, c’était en 1975, à la fête du lycée Saint-Exupéry à Lyon où je terminais ma scolarité. Là, j’ai senti qu’on tenait quelque chose. Mon premier concert post-Starshooter a eu lieu à Lyon encore, au festival Les Nuits Bleues, il me semble. Ça devait être en 1985. Rien de mémorable.

Entre 1982 et 1986, tu réalises une grande passion pas moins de six albums de Bandes dessinées (Humanoïdes Associés et Futuropolis) quelle est ton approche artistique de la création de BD, en quoi est-ce différent de la musique ? Les deux activités se complètent-elles ?

Kent. J’ai voulu être dessinateur de BD dès l’enfance. La passion pour la musique est venue par la suite. Dès lors, j’ai souhaité poursuivre les deux de front. Pour moi, ce sont deux moyens d’expression très différents. Complémentaires, sans doute, rapport à mon caractère. J'ai besoin de m’isoler au calme et de m’exhiber en public. Bien qu’avec le temps, ce besoin d’exhibition ait tendance à se tasser. Quand je suis las de monter sur scène, je me retire à ma table à dessins, jusqu’au moment où j’ai de nouveau la bougeotte et des choses à dire qui se chantent.



Puis en 1990, à la suite du succès de l'album "À nos amours" et de la chanson "J'aime un pays", tu décides de quitter Lyon et de t’installer à Paris. Pourquoi ce changement ?

En vérité, j’ai quitté Lyon avant le succès, en 1988. Je tournais en rond dans cette ville, je n’y trouvais pas les compagnons que je cherchais pour aboutir mes idées musicales. Un jour à Paris, j’ai rencontré Jacques Bastello qui cherchait des textes pour ses chansons. Comme il était un excellent musicien, il m’a proposé de travailler sur les miennes. On s’est entendus à la minute. À démarrer alors une collaboration magnifique et une amitié qui dure encore.

Tu écris en parallèle des romans et des chansons pour d'autres interprètes, Enzo Enzo (le tubesque "Juste quelqu'un de bien"), Michel Fugain, Johnny Hallyday ("Tout pour te déplaire"), Nolwenn Leroy ou Calogero... Travailles-tu différemment lorsque tu écris pour les autres ? Quelles expériences gardes-tu de ces collaborations ?

Kent. J’aime qu’on me laisse la liberté d’être moi-même lorsque je travaille avec quelqu’un d’autre. Je ne sais pas faire du sur-mesure. Je peux même dire que je suis de moins en moins conciliant. Mais je suis toujours curieux de rencontrer d’autres artistes et j’aime les collaborations inattendues. Je garde un excellent souvenir de mon travail avec Calogero.


"L'Homme de Mars" sorti en 2008 était un très beau projet, une bande dessinée illustrant et complétant l'univers décrit dans l’album. Ce mélange de sons et d’images est-il une forme d’expression différente ? Quel a été le processus d’écriture des chansons et de réalisation des illustrations ?

Kent. Les chansons étaient là en premier. Puis j’ai voulu illustrer chacune d’elles avec un dessin en couleurs à la manière des vieux illustrés de science-fiction des années 50. Je me suis pris au jeu et au final j’ai dessiné en plus cinq planches en noir et blanc pour chaque chanson. L’idée d’un concept-album m’excitait grandement et l’inspiration était là. J’en ai profité.

Durant l'été 2013 tu deviens animateur de radio sur France Inter, tu animes une émission de musicologie intitulée Vibrato. Une nouvelle corde à ton arc ?

Kent. C’eut été possible, oui. Mais réaliser une émission de radio quotidienne avec sérieux, si on ne se contente pas d’être un simple animateur qui lit ses fiches, c’est un travail à plein temps. Or je ne souhaitais pas arrêter de composer et de me produire sur scène. C’est pourquoi j’ai décliné l’offre de France Inter de poursuivre l’émission à la rentrée suivante.

Émission de musicologie, je n’irais pas jusque là. Je ne suis pas musicologue, je suis juste un amateur enthousiaste.

En décembre 2019 avec Patrick Mahé, tu crées une BD "Elvis, ombre et lumière", un très bel hommage au King, l’occasion rêvée pour de belles reprises d'Elvis. Peut-être un jour un concert en hommage, qu'en penses-tu ?

Kent. Pour ma tournée de dédicaces en librairie, j’avais monté un répertoire de chansons d’Elvis en forme de panorama de sa carrière. Ça me permettait de raconter le projet du livre en musique. Chanter Elvis après avoir passé deux ans et demi à le dessiner, m’a fait un bien fou. C’était les grandes vacances après le turbin! Je ne pense pas qu’Elvis ait besoin d’un concert hommage de plus, mais reprendre une de ses chansons de temps en temps, pourquoi pas!

Un mot sur David Bowie, un autre artiste né un 8 janvier et que tu aimes tout particulièrement ?

Kent. J’ai découvert Bowie avec Ziggy Stardust en temps réel, c’est à dire au moment de le sortie de « The Rise and Fall of Ziggy Stardust & the Spiders from Mars ». Cet album n’était pas un événement marquant de l’époque et personne ne soupçonnait qu'il deviendrait mythique des décennies plus tard. J’étais intrigué par l’esthétique de ce chanteur inconnu et par sa jubilation à jouer l’ambiguité sexuelle. N’empêche que j’ai accroché durablement à sa musique. Musicalement, « Aladdin Sane », moins léché, plus brut que « Ziggy Stardust », me convenait mieux. « Young Americans » et « Station to Station » ont été deux belles claques aussi. J’ai aimé qu’il laisse tomber son personnage de Ziggy pour partir sur autre chose. J’ai décroché à partir de « Low ». Starshooter prenait son envol et mes préoccupations musicales étaient bien différentes des siennes. J’y suis revenu avec « Scary Monsters » que j’ai découvert en cassette dans l’autoradio de la bagnole qui nous menait à Londres pour enregistrer le dernier album du groupe. Et depuis, je suis resté accro.

On peut aimer des disques qui correspondent à nos humeurs et qui vont être la bande-son de notre nostalgie. On peut aussi aimer un artiste pour la façon dont il a mené sa carrière, ses prises de risques, ses remises en question. Dans ce cas tout est intéressant, même les ratés. Surtout les ratés, je dirais même. Ils révèlent des doutes et des errances qui rendent la personne vulnérable, touchante. Bowie pouvait donner l’impression de maîtriser parfaitement sa carrière. Or il marchait au jugé et à l’intuition et le succès pour le succès l’emmerdait. Son oeuvre est riche et audacieuse. C’est ce qui fait que je ne me lasse pas de l’écouter.

Reste-t-il encore un domaine artistique auquel tu ne t’es pas encore essayé et qui te tente  fortement?

Kent. J’ai un peu joué la comédie, dans deux ou trois courts-métrages amateurs et un long-métrage qui n’a malheureusement pas marché. J’ai beaucoup aimé  cette expérience. Ça m’aurait plu d’être acteur.

En ce moment, plus les années passent, plus le monde va de travers... Crises sanitaires, mouvements sociaux… Que penses-tu de tout cela ?

Kent. Il en a toujours été ainsi, sauf qu’auparavant cela ne concernait que des régions du monde à un temps donné. Depuis la seconde guerre mondiale, toute action humaine, quel que soit le lieu où elle se produit, a des conséquences planétaires. L’Humanité n’en a pas encore pris la juste mesure. Dans le meilleur des cas, ça nous traverse l’esprit quelques secondes et très vite on chasse la vision parce qu’elle est intenable. On préfère continuer à rafistoler des problèmes insolubles qui nous conduiront à notre perte plutôt que sauter dans l’inconnu.
 
Comment as-tu vécu cette période de la pandémie de coronavirus depuis plus d'un an ...? As-tu déjà des projets pour le 9 juin ?

Kent. Sur la fin, je me sentais comme Numéro 6 dans le feuilleton « Le Prisonnier ». Sinon j’étais mieux loti que beaucoup de gens. J’avais choisi que 2020 soit une année sabbatique, la pandémie a donc peu entravé mes projets. J'observe toujours la situation avec une curiosité d’ethnologue. Je n’ai pas été surpris par l’ampleur de la crise. En tant qu’amateur de science-fiction, j’avais lu des auteurs qui prédisaient cela depuis longtemps.

Je ne sais pas à quel point les cartes seront rebattues. Quelles conséquences en tirerons-nous vraiment? Y aura-t-il un monde d’avant et celui d’après… On est partis pour voir la pandémie comme une parenthèse malheureuse plutôt qu’une prise de conscience salutaire.

Oui, j’ai quelques projets, mais je vis au jour le jour. On verra où tout ça nous mène.

Actuellement beaucoup de groupes utilisent le principe du crowdfunding, et du téléchargement numérique. Quel est ton avis sur cette nouvelle façon de partager la musique ?

Kent. Il serait beaucoup simple que les gens achètent à nouveau des disques - vinyles, CD, téléchargement, peu importe le support - plutôt qu’ils écoutent de la musique en streaming. Les artistes ne touchent rien avec le streaming. Mais vraiment rien! On peut vivre sur des ventes de disques, on ne le peut pas avec les revenus reversés par les plateformes de streaming. On en vient à demander la charité, c’est ça le crowdfunding.

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise ?

Kent. Houla! Je n’aime guère définir, personne ne se réduit à quelques mots. Ma devise, c’est « chacun pour tous et Dieu pour soi. » Je pense que le monde s’en porterait bien mieux.

Aujourd'hui, quels sont tes groupes préférés ? Sont-ils les mêmes qu'avant ? Quel genre de musique préfères-tu écouter ? Y a-t-il une chanson ou un album qui restera pour toujours ?

Kent. Aujourd’hui, en mai 2021, j’écoute beaucoup Mustang, Katel, Jay Jay Johanson, Alice Animal et Maria Schneider Orchestra. Voilà pour la musique actuelle. Sinon j’écoute aussi Weinberg et les trios et sonates de Ravel. Je n’ai pas de genres de musique préférés. Dans la même journée, je peux écouter le dernier Damned et Julie London en passant par les expérimentations sonores de Armando Sciascia. Je suis cyclothymique, ça doit avoir un rapport.

Qu’est-ce que tu fais lorsque tu ne travailles pas? Quels sont tes passions et tes passe-temps?

Kent. Je lis, j’écoute de la musique que je ne connais pas, je glande, je me balade dans les rues, je pars en randonnée, j’apprends à reconnaître le chant des oiseaux. Je m’éduque. J’aime apprendre.
 
Pour finir, si tu devais te rendre sur une île déserte et ne garder que 3 choses : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait ta sélection et pourquoi?

Kent. C’est drôle, cette question. Pour combien de temps? De plus je n’arrive pas à imaginer une île déserte avec l’électricité! Quoi qu’il en soit, je crois que le disque ou le film que j'emporterais finirait par me sortir par les yeux à la longue. Un livre à la rigueur… « L’intranquillité » de Fernando Pessoa. Il y a matière à réflexion pour toute une vie. Et puis je finirais par me fabriquer un instrument à cordes pour faire de la musique. C'est encore ce qu’il y a de mieux.

Merci pour cette interview et de ta gentillesse Kent.


19 mai 2021.
Thierry Cattier

Photos promo : DR

 

mercredi 19 mai 2021

SOEN "Imperial" // LE CADEAU // 5 CD A GAGNER.

 

RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DE SOEN !!

 


Les cinq premiers qui nous diront quel est le nom du chanteur du groupe SOEN.

Recevront l'album de SOEN "Imperial".

Envoyez votre réponse par mail à info@shootingidols.com avec vos nom et adresse.

Remerciements à REPLICA pour leur gentillesse.

 

mardi 18 mai 2021

GARY LUCAS // Interview // La musique une langue universelle... 11 Mai 2021.

 


Pour commencer cette interview avec toi Gary Lucas, nous aimerions d’abord évoquer tes premières années. Tu es né à Syracuse dans l'État de New York? comment s'est passée ta jeunesse ?

Gary Lucas. Ma jeunesse a été assez calme à Syracuse, qui est une ville de taille moyenne au centre de l'État de New York, avec une population d'environ 250 000 habitants. Il y a énormément de neige là-bas, le temps est couvert presque tous les jours de l’année, il y a très peu de soleil, d'ailleurs je suis surpris qu’il n’y ait pas eu un taux de suicide plus élevé! Je préfère les beaux jours, mais d'un autre côté, j'adorais quand ils annulaient l'école à cause de la neige - on priait pour que ça arrive ! J'ai grandi dans une grande famille, j'ai 2 sœurs aînées et un frère cadet, et j'étais un peu livré à moi-même, lire et écouter de la musique était mon quotidien depuis mon plus jeune âge. Je n’étais pas très doué en sport, contrairement aux autres jeunes de mon âge.
Aujourd'hui, je trouve toujours le sport aussi ennuyeux! Syracuse était une enclave républicaine très conservatrice et je détestais cet état d'esprit renfermé. Une fois que j'ai goûté à Manhattan, quand mon père m'a emmené avec mon frère là-bas en 1964 pour l'Exposition universelle, tout a été fini, je savais que je devais foutre le camp de Syracuse et partir vivre à New York, qui était un endroit beaucoup plus excitant. J'étais plutôt introverti à l'époque, j'aimais être à l'intérieur quand il pleuvait, regarder le monde comme si j'étais dans le seul endroit sec. J'adorais me pelotonner avec des livres - des livres d'horreur, de fantastique, de science-fiction... J'ai commencé par la mythologie grecque et romaine et une chose m'a conduit à une autre.

Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?

Gary Lucas. J'adorais Tchaïkovski, l'ouverture de «1812»… «Little Bitty Pretty One» de Thurston Harris… Les Beach Boys, les Ventures, Gene Pitney - je les ai trouvés exceptionnels. La guitare twangy de Duane Eddy dans «Dance with the Guitar Man»! J'essayais de jouer le solo de guitare au milieu, et j'ai finalement réussi! C’est ça que je voulais être depuis tout jeune : un guitariste.
Je l'ai toujours su. Lorsque l'invasion britannique a frappé, j'ai été emporté comme tout le monde par les Stones, ils ont toujours été mes préférés - avec les Yardbirds, les Who, Jeff Beck, Moby Grape, Buffalo Springfield, le Blues Project, les Mothers - tout ce qui était à base de guitare. Debussy, Stravinsky, Bach, de la musique électronique comme Henri Pousseur, de la r & b comme James Brown et Mary Wells, Phil Spector, Hank Williams, Muddy Waters, Howlin ’Wolf, Skip James - tellement, beaucoup! Du moment qu'il y avait une ÂME. J'adorais la musique, en fait je trouvais toujours quelque chose d'excitant dans n'importe quel genre de musique, même la polka, il fallait juste que ça m'émeuve et ça me donne des frissons!

Comment t'est venue l'envie d'apprendre à jouer de la guitare ?

Gary Lucas. Curieusement, mon père est venu me voir alors que j'avais tout juste 9 ans et m'a dit: «Aimerais-tu jouer d'un instrument de musique, Gary? Par exemple de la guitare ?? » "Ouais papa, ça m'éclaterait!" J'étais paumé au début mais ça m'a semblé amusant. Il m’a acheté une guitare chiapas d'occasion, avec les cordes un peu loin du manche, ça m'a déchiré le bout de mes doigts d'enfant. J'ai pris des cours pendant seulement deux mois, au j'ai un peu laissé tomber tellement c'était douloureux de jouer de cette guitare! Ce n'est qu'au retour de mes parents d'un voyage en Espagne avec une guitare à cordes en nylon que j'ai commencé à m'améliorer. Cette guitare était bien plus agréable!

Quel a été ton parcours scolaire avant d'obtenir un diplôme en langues et lettres anglaises de l'université de Yale ?  

Gary Lucas.
École publique, le contraire de ce que cela signifie au Royaume-Uni. Une école ouverte gratuitement à tous dans le quartier, avec des professeurs embauchés par la ville - pas une institution privée. Une véritable ambiance de melting-pot avec des enfants de toutes croyances et de toutes les couleurs qui y assistent. Vers 1968, mon lycée est devenu le premier lycée en Amérique à transporter des enfants noirs du ghetto du centre-ville dans le cadre d'une expérience d'intégration forcée.

C'était bien jusqu'à ce qu'un soir à l'école, des danseurs de la fraternité noire appelée Soul Generation se sont disputés avec des garçons blancs de la fraternité, ils se sont insultés - très Roméo et Juliette! Ou plutôt, West Side Story. Quoi qu'il en soit, le lundi midi, des voyous du centre-ville sont venus à l'école, sont entrés dans la cafétéria, sont allés à la table des garçons blancs et l'ont retournée, déclenchant une mêlée avec tous les pièges d'une véritable émeute raciale, Le directeur de l'école est entré dans la cafétéria et a crié «Arrêtez!» - et quelqu'un lui a lancé une chaise qui l'a assommé. 

C'était un fracas total et cela a fait les nouvelles nationales du soir diffusées ce soir-là. C'était tellement excitant !! Je suis resté assez fidèle à ma bande de marginaux intellectuels, de stoners et de proto-hipsters, ceux qui étaient à peu près évités (et parfois agressés) par les frat-boys hétéros et les mecs à pom-pom girls du lycée. Frank Zappa était l'un de nos gourous, avec sa satire sur la vie au lycée comme «Status Back, Baby» de «Absolutely Free».
Pendant ce temps, je lisais avidement des choses comme «Moi, Jan Cremer», «Les 120 jours de Sodome», «Ulysse» (mon roman préféré de tous les temps - à une époque, je le connaissais aussi bien que certaines personnes connaissent la Bible), Boris Vian , Apollinaire, JP Donleavy, Bruce Jay Friedman, Tom Wolfe - la littérature renégate en d'autres termes.
J'ai très bien réussi mes examens, une fois dans un brouillard complet suite à une expérience de fumée d'opium la nuit précédente - et mes notes ont grimpé plus haut que jamais (même si je ne le recommanderais pas, les enfants!). Beaucoup de livres et beaucoup de musique psychédélique et de cinéma - et beaucoup, beaucoup de jeu de guitare. C'était mon enfance relativement heureuse avant Yale. J'étais ce que Lou Reed a appelé plus tard un «enfant de la protestation».

Parallèlement, tu deviens DJ et directeur artistique de la station de l'école WYBC FM et tu intègres ton 1er groupe "O-Bay-Gone Band" quel souvenirs gardes-tu ?

Gary Lucas. J'ai adoré être DJ - même si je ne mettais quasiment que ma collection de vinyles rares de rock anglais sur les platines lourdes du WYBC de Yale. Leurs saphirs creusaient des rainures très profondes dans ce précieux vinyle, principalement des importations anglaises d'albums qui étaient très difficiles à obtenir en Amérique à cette époque. Mes goûts ont évolué au fil des ans vers le blues et le jazz, mais à ce moment-là, au début des années 70, je préférais encore la musique anglaise psychédélique: Traffic, Family, the Nice, the Move, Fleetwood Mac de Peter Green, Humble Pie - des trucs comme ça. En fait, ils m'ont confié une émission d'été en 1973, lorsque tous les étudiants sont rentrés chez eux pour les vacances, et je l'ai intitulé «The Sounds from England (and other gourmandies)» - les seuls autres «délices» non anglais étaient Captain Beefheart, Can et Tim Buckley - l'un d'eux avec qui j'ai fini par travailler, et l'autre avec qui j'ai travaillé avec son fils.




Te rappelles-tu du tout premier concert que tu as donné ? De la ville et/ou de la salle ?


Gary Lucas. Oui, mon meilleur ami Walter Horn et moi avons joué un concert en duo au Jewish Elderly Home for the Aged à Syracuse vers 1962, une variété de reprises de Peter Paul and Mary principalement, y compris le morceau de gospel plutôt inapproprié «Jesus Met the Woman at the Well» (dans une maison juive!).
Les vieux semblaient aimer, même si une femme âgée s’est exclamée: «Ne me frappe pas avec ce sac, mon garçon!» quand Walter est passé près d'elle avec un sac de courses rempli d'instruments à percussion (bongoes, maracas, des trucs comme ça).

Comment s'est passée ta rencontre avec Don Van Vliet , ainsi que la création de Captain Beefheart The Magic Band ?

Gary Lucas. J'ai vu son premier spectacle à New York en 1971 et j'ai été abasourdi! Meilleur concert de ma vie !! Je me suis juré ce jour-là «Si jamais je fais quelque chose en musique, je veux jouer avec ce gars !!» C'était SI bon - et j'avais déjà vu les Stones avec Brian Jones, les Righteous Brothers, Janis Joplin (deux fois), Zappa and the Mothers, Chuck Berry, Paul Butterfield, les Byrds et le Mahavishnu Orchestra avec John McLaughlin. Beefheart et son Magic Band ont fait encore plus fort. Par la suite, ils ont annoncé qu'il venait jouer à Yale, et le directeur de la station de radio de WYBC Yale m'a demandé de l'interviewer par téléphone pour promouvoir le concert, j'ai une cassette de cette interview et on entend ma voix trembler - le gars avait fait la couverture de Rolling Stone ! (Imaginez cela aujourd'hui. Aucune chance!). Mais il m'a mis à l'aise et nous sommes devenus amis. Le lendemain, il est venu à Yale pour le concert et j'ai traîné avec lui et sa femme Jan pendant des heures avant et après le spectacle. Chaque fois qu'il venait jouer dans le coin, je me faisais un devoir d'aller le voir et de passer du temps avec lui dans les coulisses. Finalement, il m'a donné son numéro de téléphone et nous avons eu des conversations qui duraient plus d'une heure! Mais je lui ai dit que je jouais de la guitare que bien plus tard - je ne pensais pas être assez bon alors, et sa musique était si complexe et difficile à exécuter. 

Mais en 1975 il est venu à Syracuse en tant qu'invité de Frank Zappa - et j'étais rentré chez moi étudier le mandarin pour pouvoir partir travailler à Taiwan (une très longue histoire — en gros, j'essayais de m'extirper des griffes d'une femme beaucoup plus âgée avec laquelle j'avais eu une histoire à New York).
Après le spectacle, je l'ai emmené à sa demande à un barbecue dans l'arrière-cour du ghetto, le genre qui n'ouvre qu'à minuit et sert des travers de porc grillés et du poulet sur du pain blanc avec une sauce piquante bouillante - mmmmmm. Don a adoré cette ambiance un peu branchée, et s'est mis à faire du blues a cappella juste là.

À ce moment précis, je lui ai dit : «Don, si jamais tu remontes ton groupe (il était entre les Magic Bands), j'aimerais avoir la chance de passer une audition.» «Tu joues de la guitare, Gary ?? Pourquoi tu ne me l'as pas dit! » Du coup, il m'a invité à Boston quelques jours plus tard et je suis allé là-bas en bus avec ma guitare, je l'ai rencontré dans les coulisses et je suis retourné dans sa chambre d'hôtel pour jouer pour lui. Il a dit "Super !!" mais était plutôt vague sur la prochaine étape / date de début. Quoi qu'il en soit, j'avais un billet pour Taipei et je ne pouvais pas vraiment annuler le plan à ce moment-là. Cela a donc pris quelques années. Ensuite, je suis rentré à la maison, je l'ai rappelé, nous avons refait connaissance - et en 1980 il m'a invité à jouer sur ce qui est devenu «Doc at the Radar Station» pour Virgin. J'ai pris l'avion de New York, j'ai pris un taxi de LAX à Glendale aux studios Sound Castle, j'ai été bousculé dans le studio, je me suis branché et j'ai joué ce morceau très difficile, un instrumental appelé «Flavour Bud Living» - en deux prises max. L'album a reçu de très bonnes critiques et j'ai été remarqué par beaucoup de presse pour mon jeu. Je me suis fait un nom ! 

Même le grand critique de rock Lester Bangs a été impressionné quand il l'a entendu, me demandant «Quelle partie avez-vous joué ici Gary - la guitare du haut ou du bas?» "Lester", lui ai-je dit, "c'est moi qui joue en solo, pas d'overdubs, en direct en studio."

 J'ai tourné en Europe et aux États-Unis avec ce seul morceau, en le jouant en direct sur l'émission télévisée «Chorus» d'Antoine de Caunes que vous pouvez voir sur YouTube. Quand j'y repense, quel mec c'était Don ! Une sorte de grand enfant gâté en friche. Je l'aimais beaucoup malgré le fait qu'il «déplaçait du vent», comme il le disait. Pour le dernier album de Beefheart «Ice Cream for Crow», je suis passé du statut de guitariste invité spécial au statut de membre du Magic Band, on me voit dans la vidéo de la chanson titre, pleurant à ses côtés dans le désert de Mojave, une vidéo qui fait partie de la collection vidéo permanente du Museum d'Art Moderne à New York.

Je suis parti travailler pour lui en 1984 car il ne voulait plus faire de musique, seulement peindre - mais je me suis assuré avant de partir de le laisser entre de bonnes mains avec des gens comme Julian Schnabel et la Mary Boone Gallery ici à New York.

As-tu une façon différente de travailler sur tes projets ou de composer des bandes originales de film ou génériques pour la télévision ?

Gary Lucas. Eh bien, je les prends un à la fois, et j'essaie de concentrer autant d'énergie que possible dans chacun d'eux, je travaille toujours de manière intuitive et j'essaie de capturer l'essence de chaque projet ou film.


Tu as soutenu la carrière de Jeff Buckley, comment s'est passée cette rencontre et votre relation ? Peux-tu nous raconter quelques anecdotes à son sujet ? Comment s'est passée votre collaboration sur son album "Grace" ?

Gary Lucas. Mon ami le producteur Hal Willner a monté un hommage à Tim Buckley à l'église St Ann de Brooklyn au printemps 1991. Il m'a appelé et m'a invité à jouer avec ma partenaire de chant alors féminine - à ce moment-là, nous avions signé pour un album pour Columbia Records.

J'ai toujours aimé la musique de Tim Buckley. Hal a mentionné que son fils serait un excellent collaborateur. «Je ne savais pas que Tim avait un fils!» «Nous non plus» répondit Hal, «mais il s’est présenté pour rendre hommage à son père.» Après avoir répété deux jours avant le spectacle, j'étais en train de remballer mon matériel pour quitter l'église lorsque ce jeune enfant, le portrait craché de Tim Buckley s'est approché de moi comme s'il était en feu. Il était électrique, lançait des étincelles. «Vous êtes Gary Lucas! J'adore jouer de la guitare !! Je suis fan de toi avec Captain Beefheart, j'ai lu des trucs sur toi dans Guitar Player ». J’ai été très flatté et je l'ai invité dans mon appartement pour répéter la chanson de son père «The King’s Chain» le lendemain. Je lui ai tendu un micro et j’ai entendu la voix la plus magique, souple et sinueuse émerger de ce gamin tout maigre - une sorte de chœur entre un vieux bluesman mêlé à la sensibilité d’un chanteur pop à la sauce de Tim Buckley. "Oh mon Dieu Jeff - tu es une putain de star !!" "Tu penses??" Oh oui.

Je l'ai invité à déjeuner, nous nous sommes assis là à la taverne du cheval blanc pour discuter de nos groupes préférés en mangeant des hamburgers . Nous avons découvert que nous adorions tous les deux les Doors, les Smith et Led Zeppelin. Nous sommes retournés chez moi et avons ébauché une chanson pendant 15 minutes - notre première collaboration, intitulée «Bluebird Blues». Voilà comment a commencé notre amitié, et une collaboration durable. Lorsque Columbia Records a abandonné sans ménagement mon projet d'enregistrement avec la chanteuse, en me disant «vous ne pouvez pas vous permettre de nous poursuivre en justice!», j'ai appelé Jeff et lui ai demandé de rejoindre mon groupe en tant que chanteur principal, ce qu'il a accepté sans hésiter. J'ai ensuite écrit en une semaine deux maquettes instrumentales que je lui ai envoyées sur cassette avec des titres provisoires. Un mois plus tard, il est venu à New York et a dit: "Tu sais, celui que tu avais appelé "And you will"? Il s’appelle désormais «Mojo Pin». Et celui que vous avez appelé «Rise Up to Be»? Maintenant, ça s'appelle "Grace" ". J'ai une cassette de nous qui écoutons ces chansons pour la toute première fois, assis sur mon canapé.

La beauté de travailler avec Jeff était que je pouvais composer des instrumentaux à la guitare, les lui envoyer, et à chaque fois il revenait avec une mélodie et des paroles parfaites qui collaient à ma musique comme un gant! C'est un musicien génial et le meilleur collaborateur que j'ai jamais connu et avec qui j'ai travaillé. Nous avons eu une vraie télépathie mentale sur scène. Quand il a fait sa carrière en solo et plusieurs années après la sortie de son album «Grace», sur lequel j'ai joué - en fait les deux premières chansons que j'ai co-écrites avec lui - il a donné un concert privé à la Knitting Factory à New York pour leur 10e anniversaire. Je le regardais jouer dans une foule où se trouvaient Lenny Kaye, Lou Reed et Tom Verlaine, quand Jeff m'a appelé sur scène, m'a tendu sa Telecaster, et nous nous sommes lancés dans une version de «Grace» qui a mis le feu. Des gens sont venus me voir par la suite dans une extase totale en me disant: "ça fait si longtemps que j'attends de vous revoir ensemble sur scène !!" J'ai remercié Jeff après le spectacle car son invitation à le rejoindre sur scène était complètement inattendue, et il m'a dit à quel point il l'avait appréciée. J'étais sûr que nous travaillerions ensemble à nouveau à l'avenir. Il est parti pour Memphis peu de temps après ce spectacle et son label m'a dit de m'attendre à un appel car ses sessions ne se passaient pas bien, et « Grace » était une belle chose!». Puis j'ai appris qu'il avait disparu et qu'il était présumé mort, noyé.
J'ai pleuré tous les jours pendant un mois! Quelle tragédie et quelle honte.

Tu as collaboré avec des artistes comme Leonard Bernstein, Captain Beefheart, Jeff Buckley, Chris Cornell, Lou Reed, John Cale, Nick Cave, David Johansen, Bryan Ferry, Patti Smith, Iggy Pop, Dr. John, Allen Ginsberg, Peter Hammill, Graham Parker, Future Sound of London, Richard Barone, Bob Weir, Warren Haynes , Dave Liebman et Billy Bang, entre autres la liste et si longue ....  Qu'est-ce que ces diverses expériences toutes différentes t'ont appris ?

Gary Lucas. La musique a des possibilités infinies, il faut s'ouvrir à tous les types de musique et de musicien. Jeff m'a beaucoup encouragé. La musique est vraiment la langue universelle qui peut briser toutes sortes de frontières culturelles et nationalistes, et permet un vrai dialogue avec toutes sortes de gens disparates.

Comment procèdes-tu pour écrire tes chansons, entre le moment où vient l'idée d'un texte, d'une mélodie, et celui de l’écrire ?

Gary Lucas. Cela commence toujours d'abord par la musique, sauf une fois que l'on m'a remis des paroles spécifiques pour faire une chanson pour Marianne Faithfull - comme elle ne l'a pas faite, j'ai décidé de la chanter («The Lady of Shalott», qui est sur ma rétrospective de 40 ans L'ESSENTIEL GARY LUCAS). Je passe juste mes doigts sur les cordes de ma guitare jusqu'à ce que j'entende de la magie - c'est vraiment ce que je fais. Si j'entends quelque chose qui résonne en moi, j'enregistre cette section, puis je la pousse, l'augmente et la coupe jusqu'à ce que toute la chanson émerge pendant plusieurs jours - c'est comme ciseler un bloc de marbre jusqu'à ce que la forme idéale émerge. Quand tout est fini, je dors dessus - et si je m'en souviens le matin, je me dis : Voila! J'ai le modèle idéal pour une nouvelle chanson. Toujours la musique d'abord, puis j'y ajoute des paroles.





Toi qui as tourné dans plusieurs pays (Australie Russie Europe etc etc), notamment avec le groupe "Future Sound of London", comment ressens-tu l’accueil et les réactions de tous ces publics différents ?


Gary Lucas. Je pense que les gens restent des gens partout où on va, et ils sont généralement très enthousiastes. La Russie avec Future Sound of London, c'était cependant autre chose. Nous sommes arrivés vers 3 heures du matin à Saint-Pétersbourg dans un stade de football pendant les Nuits Blanches célébrant les 200 ans de la ville, le ciel qui n'est jamais vraiment sombre est devenu violet, et puis le soleil s'est levé pendant que nous jouions. Il y avait toute une file de fans depuis la scène jusqu'au milieu du terrain de football qui attendaient un autographe. Les gens criaient «Gary Lucas! Tu es le meilleur! LE MEILLEUR!!" C'était vraiment gratifiant :-)

Comment as-tu vécu cette période de la pandémie de coronavirus depuis plus d'un an ?

Gary Lucas. Eh bien, j'ai fait des streaming solo en direct depuis mon appartement tous les mardis, jeudis et samedis à 15 heures sur Facebook, j'ai un public très dévoué. Je l'ai fait depuis mars 2020 jusqu'à aujourd'hui, je dois avoir fait au moins 160 spectacles à ce jour, toutes sortes de trucs de mon répertoire et de nouveaux trucs que j'ai écrits. Cette période a été une période fertile pour moi sur le plan créatif. J'ai vu la pandémie comme une opportunité de me réinventer et de créer de nouvelles choses, ce que j'ai fait - le dernier étant une pièce instrumentale intitulée «Unforgiven».

En ce moment, plus les années passent, plus le monde va de travers... Crises sanitaires, mouvements sociaux… Que penses-tu de tout cela ?

Gary Lucas. J'essaie de rester positif et créatif - que peut-on faire d'autre? Il est important de continuer d’avancer autant que possible, sinon le risque est de se laisser entraîner par ces tragédies accablantes qui nous frappent dans le monde. Il faut croire au pouvoir de l'individu de changer la société essentiellement en faisant du mieux possible, et de continuer à avancer avec un esprit et une attitude positifs. Pas toujours facile je sais! Mais sinon, c’est une descente dans le nihilisme et la dépression, et qui en a besoin ?

Si tu devais te définir, quelle serait ta phrase ou ta devise ?

Gary Lucas. Le faire jusqu'à la mort!

Aujourd'hui, quels sont tes groupes préférés ? Sont-ils les mêmes qu'avant ? Quel genre de musique préfères-tu écouter ? Y a-t-il une chanson ou un album qui restera pour toujours ?

Gary Lucas. Je n’écoute plus vraiment de nouvelles musiques pour vous dire la vérité, car je suis invariablement déçu par la qualité terne (à mon humble avis) d’une grande partie - cela ne me touche pas autant que la musique sur laquelle j’ai grandi. Maintenant, cela ne signifie pas que cela ne résonne pas avec le public aujourd'hui, c'est juste ma propre réaction, probablement parce que j'ai des compétences de reconnaissance de formes très bien développées, donc la plupart des nouvelles musiques me rappellent généralement les versions précédentes de choses similaires.
J'ai récemment aimé quelques artistes féminines - Lhasa de Sela, que j'ai entendu dans un restaurant à Parme en Italie après avoir reçu un Lifetime Achievement Award il y a quelques années. «Qui est cette chanteuse à la voix aussi étonnante ??» J'ai demandé au barman et j'ai obtenu son nom que j'ai recherché sur Google, pour découvrir qu'elle était récemment décédée d'un cancer du sein. Son album «The Living Road» est phénoménal, j'aurais aimé la voir en live. J'ai aussi adoré les premiers albums de Joanna Newsom, je l'ai vue jouer en solo une fois et elle m'a époustouflé. Récemment, j'ai découvert Stereo Total, pour apprendre que leur chanteuse Françoise Cactus venait de mourir. Quel groupe fantastique !! J'aime aussi les filles brésiliennes, Sabina Sciubba donne un coup de pied au cul.

Qu’est-ce que tu fais lorsque tu ne travailles pas? Quels sont tes passions, tes passe-temps?

Gary Lucas. Je lis avec voracité comme d’habitude, je viens de terminer deux livres de nouvelles de l’écrivaine d’horreur argentine Mariana Enriquez, ce sont les meilleures choses que j’ai lues depuis longtemps. J'ai dû lire au moins 50 livres cette année, j'adore aussi le cinéma d'art, mais surtout les classiques! J'adore revenir en arrière et découvrir si les choses qui m'ont attiré jeune tiennent toujours, et si oui, pourquoi? Je ne suis pas intéressé par le dernier ceci ou cela dans la musique, les films ou la peinture principalement parce qu'il y a tellement de gens qui essaient de s'exprimer maintenant, ce qui est bien et tout - mais je trouve inutile d'essayer de suivre... Ce qui est généralement considéré comme branché est simplement une mode, et je pense que les bonnes choses m'atteindront elles-mêmes si elles sont vraiment bonnes, plutôt que de perdre du temps à creuser pour cela alors que je devrais me concentrer sur la création de nouvelles œuvres.

Pour finir, si tu ne devais emporter que 3 choses sur une île déserte : un disque, un film et un troisième choix, quelle serait cette sélection et pourquoi?

Gary Lucas.  Le disque "The 5000 Spirits, or the Layers of the Onion" par The Incredible String Band
Le film "La maison du diable" de Robert Wise
Le roman de James Joyce "Ulysse"


Autres Articles

Chronique CD // "The Essential Gary Lucas" Sortie le 29 Janvier 2021.


Thierry Cattier - Photo : Promo / DR

 

DEAD DAISIES "Holy Ground" // LE CADEAU // 3 CD A GAGNER.

 

RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DES DEAD DAISIES !!

 


Les trois premiers qui nous diront dans quelle salle Parisienne ont joué les
Dead Daisies pour leur dernier passage.


Recevront l'album de DEAD DAISIES "Holy Ground".

Envoyez votre réponse par mail à info@shootingidols.com avec vos nom et adresse.

Remerciements à REPLICA pour leur gentillesse.
 
 

 

lundi 17 mai 2021

TRANK "The Ropes" // LE CADEAU // 4 CD A GAGNER

 

RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DE TRANK !!

 


 

Les quatre premiers qui nous diront quel est le nom du dernier titre de l'album.

Recevront l'album de TRANK "The Ropes".

Envoyez votre réponse par mail à info@shootingidols.com avec vos nom et adresse.

Remerciements à REPLICA pour leur gentillesse.
 


WHEEL (James Lascelles Chanteur Guitariste Claviers) // Interview // Resident Human... 13 Février 2021.

 
 Si WHEEL est un trio de Prog Metal finlandais qui nous vient de Helsinki il a la particularité d'avoir en son sein un chanteur Anglais du nom de James Lascelles (guitare, chant, claviers) accompagné de Santeri Saksala (batterie) et Aki ‘Conan’ Virta (basse). Il faut croire que le pays est particulièrement accueillant malgré le climat polaire et semble inspirer James Lascelles au plus haut point.
Après deux Ep The Path en 2017 et The Divide en 2018 suivi d'un album en 2019 Moving Backwards, les voilà de retour avec Residant Human une nouvelle offrande qui s'avère être une petite réussite très efficace ou le gang se renouvelle et innove pour notre plus grand plaisirs. Fortement influencé par TOOL,MUSE,KARNIVOOL ou encore SOEN le gang a su se créer au fil des albums une identité sonore Metal Progressive très alambiqué lorgnant fortement sur le Rock alternatif le tout bercé par une ambiance mélancolique et sombre.
Le gang vous embarque dans un voyage hypnotique au cœur d'un monde envoutant issus tout droit de l'imagination fertile de James Lascelles, juste brillant ! Une interview découverte avec un anglais ravi de vivre en Finlande un pays qui semble décupler sa créativité ! Magnéto James c'est à toi !



Votre dernière tournée a eu lieu en mars 2020 en Finlande aux cotés d'APOCALYPTICA quels souvenirs gardes tu de ces quelques dates?

James Lascelles. De mon point de vu, mes attentes étaient très faibles car tout a été annulé ou presque. Nous avons joué deux concerts et je tiens à remercier nos fans de nous avoir encouragés. De plus l'album est fantastique. Nous avons eu un retour surprenant sur la tournée allemande. Nous avons joué trente minutes pour supporter la tournée de KATATONIA. Il y a eu aussi le public à Cologne avec une conférence de presse qui s’est éternisée. C’est agréable de voir tout ce public de différents pays. C’est vraiment motivant de voir qu'artistement cela représente quelque chose à beaucoup de monde. C'était très bien.

Tu as eu l'occasion de jouer en pleine pandémie en aout dernier lors de deux festivals ( dark_river_festival Kotka7.8 - Saarihelvetti, Tampere, 15.8 - Dark River Festival, Kotka) . Comment était l’ambiance ?

James Lascelles. Surréaliste on peut le dire. Nous ne nous attendions pas à jouer des festivals quand la pandémie a frappé. Nous avions des concerts avec APOLALYPTICA, on devait en faire sept. Cela demande de la préparation de chanter avec eux. C’était le douze mars, le jour où nous avons été frappés par la pandémie. La possibilité de jouer un spectacle était fantastique. Nous étions vraiment surpris de pouvoir le faire. Aussi nous devions faire des tournées avec Devin Townsend qui était aussi très intéressant. Nous sommes très heureux d’avoir pu jouer ces deux festivals l’été dernier car le premier jour nous avons fait l’ouverture du festival. C’était une expérience incroyable car nous ressentions l’étrange sensation de la situation dans le monde. Toute cette foule devant nous nous regardait. Pour nous c’était vraiment une thérapie. Nous étions le seul pays au monde à pouvoir jouer dans un festival en Finlande.

Comment décrirais-tu le groupe sur scène ?

James Lascelles. Par rapport au début la formation a beaucoup changé. Au départ on n’avait que faire de notre image. La plupart des groupes attachent beaucoup d’importance sur la manière de jouer et d’être sur scène. Etre très attentif à ce que nous jouons et faire le moins d’erreur possibles sur scène. Plus on jouait sur scène, car nous avions fait vingt neuf concerts et plus nous devenions confiants dans notre jeu. On s’est concentré sur les concerts pour donner plus  d’humanité. S’il y avait des erreurs,  c’est probablement ce qui rend bien. C’est de la peinture brute. C’est ce qui fait toute la différence par rapport à un enregistrement. A partir du moment où notre bassiste a rejoint notre groupe, nous sommes carrément devenus fous. On a joué plus librement,  plutôt que de réfléchir sur tel ou tel aspect. Je crois que les gens seraient étonnés de nous voir jouer maintenant car il y a plus d’humanité. Quand tu enregistres, tu te concentres sur les chansons. En tournée, plus rien ne compte que le simple fait de jouer et on se sent bien.

Qu’est ce qu'un bon concert pour toi ?

James Lascelles. Franchement la plupart de nos spectacles ont eu un retour positif car nous avons fait beaucoup de marketing pour les tournées. Il y a une évolution à partir du moment où tu commences à jouer le premier titre et que tu vois par la suite que le public est réellement avec toi. Si je devais choisir un seul moment magique c’est probablement la tournée que nous avons faite en Ecosse. C’était une petite salle et le public avait du mal à entrer dans la salle. La foule était incroyable et en phase avec notre musique. Je ne pense pas toujours à la performance mais je crois que celle-ci en fut une. Celle-ci fut mémorable car c’est difficile à exprimer. C’était la première fois que le public prenait notre prestation au sérieux [Rires].

Comment s’est déroulé le processus d'écriture de « Residant Human » ?

James Lascelles. J’ai écrit la plupart des titres mais pas tous. Le guitariste des précédents albums a écrit les solos. Santeri Saksala notre batteur a écrit les parties de solos de batterie sur une chanson qui n’est pas encore sortie. J’ai écrit la majorité des titres. Les titres étaient plus fluides et concis. Nous avons commencé à écrire durant l’engagement de la tournée. Nous revenions de notre tournée de vingt neuf dates. Nous avons eu du temps durant notre tournée en Angleterre(Ndr: du 6 au 11 Février 2020). Durant ces allées et venus nous nous sommes dit qu’il fallait faire un album le plus vite possible. Nous avons écrit les instrumentaux ce qui a donné lieu a beaucoup d’idées, et ensuite nous avons enregistré la basse. Je voulais écrire quelque chose pour la basse si nous avions le temps pour voir ce qui sortirait. Alors on l’a fait et on a ajouté le chant aussi. Je pensai au départ faire un titre instrumental. Pour la dernière chanson c’est l’idée que nous avions eu quand nous sommes entrés au studio. Il y avait ce grand piano dans le studio, et nous avons eu l’idée d’utiliser la basse et la batterie avec cet instrument pour faire de la musique organique. C’est une chanson humaniste qui nous a pris une journée. En ce qui concerne le chant et l’écriture, cela a été un véritable cauchemar. Ce qui me paraissait le plus difficile  c’était les instrumentaux. Cela m’a pris cinq mois pour fixer le chant. Particulièrement avec la musique que l’on voulait faire. Nous voulions rendre les voix plus humaines et c’est ce qui a rendu la chose complexe. Délivrer des titres plus longs me semblait plus adéquat. Il a fallu du temps pour mixer le tout et de faire toutes ces expérimentations. Je suis content de l’avoir fait mais nous avions des buts irréalistes pour enregistrer cet opus. Nous avions certainement manqué des titres. Ce que j’ai appris pour la prochaine fois est de ne pas me limiter. Je veux écrire tout le temps. Quand c’est prêt on sort quelque chose.

Est-ce que tu avais une idée sur le son que tu souhaitais obtenir en studio ?

James Lascelles. Nous avions les titres dans un format de démo. Nous avions effectué la plupart du son bien avant d’entrer en studio. Nous n’avions pas réellement songé à la sonorité à ce moment là lorsque nous avons travaillé la basse et la batterie. Après on a remixé l’ensemble. Ce qui fait la différence, ce sont les silences et les tempos, c’est ce qui donne la musicalité. Tu essaies de l’apporter à ton public mais il ne voit pas tout le travail. Pour la plupart des groupes c’est important d’avoir et de reproduire le son désiré  en studio. Mais je crois que c’est la tournée européenne de 2019 qui nous a conduits à produire un son si particulier. C’est le tempo qui nous rend unique sur les titres et c’est ce son qui parle de lui-même.

Est-ce qu’il y a eu des titres qui ont été un défi à réaliser?

James Lascelles. Oui durant la pandémie on ne pouvait aller nulle part, alors j’écrivais beaucoup et jouais de la basse et des lignes de guitares. J’ai tout fait dans mon studio, puis les ai mixés dans un autre studio.  J’ai eu des problèmes de licences avec mon logiciel sur le chorus et je devais cliquer sur mon ordinateur. Ca ne marchait pas. J’ai du tout recommencer et cela m’a pris huit heures pour rejouer le solo de bout en bout. J’ai du le rejouer six cent fois [Rires]. C’est ce genre de problème qui ne serait jamais arrivé en studio. J’ai du résoudre ce problème qui a pris du temps. Ce n’est pas le seul. Aussi avec la voix je faisais beaucoup de chansons au studio et j’ai eu des moments de frustrations où je faisais deux cent enregistrements et le rendu n’était pas au rendez vous. Je ne suis pas un technicien de studio. Il y avait beaucoup de pièges et d’erreurs sur les pistes. Nous n’avons pas eu beaucoup de chance cette fois.

Est-ce qu’il y a un titre dont tu te sens plus proches notamment au niveau des textes ?


James Lascelles. Toutes ces chansons sont personnelles. Il faut toujours trouver quelque chose à dire et le dire bien. Et pour le dire bien tout dépend du sujet. Pour le titre « Movement » c’est la rhétorique sur ce qui est arrivé à George Floyd qui a été tué aux USA. Il fallait mettre en évidence la radicalité, les victimes, et tout ce système qui encourage la brutalité. Ensuite il faut comprendre tous ces problèmes sociaux qui deviennent emblématiques. Il n’y a pas de défense pour l’attitude populiste exprimée. J’ai l’exemple d’un type s’exprimant sur You Tube disant que même si tu prends le plus mauvais chemin, tu es victime de la brutalité de la police, non seulement pour George Floyd cette personne a été exécutée parce qu’elle est droguée ou a dévié du droit chemin. Le fait est que tu peux être en dehors de la loi et ne pas être tuée par la police. Si ce n’est pas le cas on peut difficilement trouver des excuses. Tout le monde est en colère et il ne peut y avoir de discussions. On ne peut trouver de solutions, il ne peut y avoir que de la violence. C’est surtout un problème de société.


13 Février 2021.
Pascal Beaumont  
Laurent Machabanski (Traduction / Retranscription)